[RP] Chapitre II : Les Guides

L'abbaye Trappiste était une fois de plus sans dessus dessous, la communauté venait de perdre l'un de ses plus éminents membres. Nul n'avait autant œuvré dans l'ombre pour le bien de tous que le noble rôdeur ronchon qui venait de rendre l'âme, peu le savaient mais tous l'admiraient.

Bernardo hors de lui arriva en trombe dans son bureau de fortune, claquant la porte avec force, ce qui ne décrocha pas le moindre soubresaut à Shana debout dans le coin de la pièce. Perdu dans ses pensées l'inquisiteur ne remarqua même pas la présence de son garde du corps, il lança négligemment quelque chose dans l'âtre avant de consulter certains papiers sur sa table, qu'il froissa de colère et jeta au feu avant de se ruer vers la taverne. Telle un ombre, Shana lui emboîta le pas…

- "Mais comment diable peux-tu avoir le cœur à faire la fête dans un tel moment Sapote, tu n'as donc aucun respect pour ce qui vient d'arriver à Slik ?" s'emporta Kaede, encore sous le choc.

- "Ne t'offusque pas petite " répondit la nécromancienne en trinquant avec son amie Aeris Irenea à la mort du rôdeur "on le connaît depuis bien longtemps, il n'aurait pas apprécié que nous le pleurions traditionnellement. C'est certainement le meilleur moyen que nous ayons de lui rendre l'hommage qu'il mérite… "

- "Ho oui" renchérit Aeris "Je suis sûre qu'a l'heure qu'il est il trinque déjà avec Mélandru… Paix à son âme !" les chopes s'entrechoquèrent et elle vidèrent d'un trait leur chopine en l'honneur du disparu.

Bernardo déboula hors de lui dans la pièce, les Trappistes étaient arrivés en nombre pour se joindre aux deux amies et vider quelques tonneaux en hommage à Slik, dont l'aura planait encore en ces lieux…

- "MAIS QU'EST-CE QUE C'EST QUE CETTE CHIENLIT" hurla-t-il empourpré par la rage. "Je tente par tout les moyens de remettre de l'ordre dans cette guilde de dépravés, et vous ne pensez qu'à vous saouler et faire la fête, même le jour de la mort de l'un de vos compagnons !!!
On entre et on sort d'ici comme dans un moulin malgré mes ordres… Les colporteurs d'Ascalon assurent mieux la sécurité que vous au sein de votre propre domaine, c'est INADMISSIBLE !!!
Vous allez vous remuer un peu votre cul d'ivrogne, prendre les armes et trouver les responsables de tout ça, il n'y a qu'une chose à faire, les annihiler !!!
ALLEZ AU BOULOT BANDE DE LARVES !!!"

L'inquisiteur, vexé que se colère n'aie pas déclanché plus de réaction que quelques rires épars dans la pièce s'en retourna, jetant un œil a Shana restée en retrait, ils repartirent vers le bureau du vieil homme.

- "Va falloir sérieusement songer a interdire l'alcool un jour ou l'autre par ici petite…"

Au coeur du hall flambant neuf des Colporteurs, une silhouette voûtée se présenta devant la porte des quartiers affectés à Sambre Lyssa. Une main d'ébène se leva avant de griffer le bois de ses ongles, produisant un horrible grattement en guise de toc-toc.

Une Sambre exaspérée entrebailla la porte d'un geste vif, mais elle ne se serait certainement pas attendue à trouver cet homme ici...

"Bonjour... ma chère... enfant..." La voix du visiteur était sifflante et difficile, évoquant une pathologie asthmatique quelconque.

"Skecyl ? Vous avez décidé de sortir de votre trou à rats et de traîner votre carcasse infecte jusqu'ici ? Comment vous avez fait pour venir ici, le hall grouille de gardes !"

Skecyl sortit de sa poche un petit sachet odorant, qu'il agita sous le nez de la nécromancienne.

"Ce cher... Naxor... avait besoin qu'on... lui renouvelle... son immunité... contre... le Dieu-Moustique... Mes amulettes sont... efficaces, mais... de courte durée...
- Je vois ! Vous vous débrouillez toujours pour avoir des contacts où il faut quand il faut ! Que voulez vous ?
- Je viens... vous entretenir... de votre enquête... Je crois pouvoir... vous être utile... Puis-je... entrer ?"

Non loin de là, à quelques pas, un rat squelettique observait la scène de ses yeux luisants...

Le nouveau déménagement était bel et bien fini. Arthas avait depuis le début installé ses quartiers, maintenant il installait et rangeait la chambre de Fëanor.
C'était un travail que le rodeur lui avait dit de ne pas faire, mais il ne pouvait pas dormir.

En ordonnant chaque petite fiole de potion sur l'étagère, il rit voyant que toutes n'était pas des remèdes ou des poisons... Certaines fioles avaient un bouchou cacheté :
"Produit aux vapeurs mortelles, ne surtout pas ouvrir",
une forte odeur d'alcool s'en dégageait.

*Voici une protection simple mais efficace* Pensa le guerrier en souriant.

Au même moment un frisson lui parcouru le dos, ce qui lui fit remarquer que ce devait être la première nuit blanche qu'il passait sans être vétu de son armure, son épée a la main.

En se dirigeant vers l'extérieur de la pièce, il entendit un petit couinement. Cela venait du lit, il le déplaca et tomba sur un rat dégoutant. Il le prit avec la bonne résolution d'aller jeter ce rongeur dans l'océan, en prenant soin qu'il ne revienne plus.

Sur le chemin, Arthas entendait encore des couinements... il saisit alors une torche et constata que les marches étaient envahis de rats cadavériques, semblables a celui qu'il tenait.
Sans plus attendre il courru vers ses quartiers qui étaient proches du centre de l'ile, il fallait empoigner son épée de feu et montrer a cette peste la colère du feu divin de Balthazar... Mais avant d'arriver il entendit des voix, provenant d'un barraquement situé de l'autre coté du chemin. Il vit quelqu'un entrer par une porte.

Alors il changea d'objectif et pris le parti d'aller voir si tout se passait bien, il en profiterais pour informer la personne réveillée de cette invasion de rats.
Il frappa simplement a la porte et attendit.

Eowadra froissa le message qu'elle venait de lire. Pas de bonnes nouvelles, bien au contraire.
Elle poussa un soupir, lassée. Xyu reprendrais l'affaire en main, elle allait devoir s'absenter. Se dirgieant vers la fenêtre elle vit naxor parcourrir l'ile pour foudroyer de son regard étrange tous les rats qu'il voyait et les désinvoquer après. Ce souci n'en serait bientôt plus un. Elle s'était trompée en pensant que les rats squelettiques appartenaient à Naxor, il râlait même car les bestioles oseuses fesaient fuir les chats... En tous cas il avait prit les choses en main, il n'y en aurais bientôt plus.
On préparait le hall pour l'inauguration, elle partirait juste après en fesant un crochet à l'abbaye pour parler à Shana.

En pleine nuit alors que l'île grouillait de rats ainsi que leurs assaillants.
Un sombre nuage noir s'élevait à l'horizon. Se repliant en un point au bords de l'eau on put apercevoir une légère lumière en émaner. Quelques instants plus tard il se disperçat dans les airs.

( La suite est pour les nécromanciens et autre lançeurs de sorts capable de percevoir une énergie necromantique à quelques kilomètres de leur positions. )

L'énergie difuse qui avait penetrée l'île en même temps que les rats ne montrait aucun lien ou signe d'apartenance. Soudain un immensse pouvoir apparut; ou plutôt une multitudes de sources d'énergie. D'une seule masse la nuée se déplacait en une sphère qui rétrecissait au loin. Alors que quelques sources disparaisaient sous une marque elementale a peine perceptible a travers la sphère un flash d'énergie négative s'abatit à sa suite en une onde sur les rivages. Bien loin cette énergie présente et impalpable à la fois trompait les sens même aiguisés. Comme regarder le soleil en plein jour la source de ce pouvoir fesait presque mal à la tête si on si atardait. Cela ne dura que quelques minutes avant de disparaitre totalement. Laisant ainsi pour seul sources magiques difuses celles des rats encore présent et bien cachés. Sources qui ne tardèrent pas a s'eclipser et devenir de moins en moins perceptibles.

Sur la nouvelle île des Colporteurs, les gens s'affairaient au déménagement. Chacun était décidé à tourner la page après l'assassinat d'Alnira dans leur ancien domaine, et tous désiraient ardemment croire en un avenir radieux...

Mais aucun ne daigna remarquer un sinistre vol de corbeaux se rassembler haut dans le ciel, au dessus de la plage.

Lentement balloté par les flots, un homme aux cheveux argentés et à la riche tunique assortie se rapprochait du rivage. Une vague légèrement plus prononcée le fit s'échouer en douceur sur le sable de la plage, le visage contre terre.

L'homme resta ainsi, un moment, sans bouger, alors que le soleil dardait ses rayons sur sa peau gonflée par l'eau salée.

N'importe quel observateur aurait pu croire à un homme endormi... si ce n'était l'énorme plaie béante qui lui barrait la gorge.

Syakalyl Defererith avait vécu longtemps, bien plus que l'immense majorité des hommes... Son existence ne fut pas toujours heureuse, mais sa vie fut bien remplie. En cette heure tragique, son âme devait déjà avoir rejoint celle de sa défunte femme... Et son corps reposait dorénavait au soleil de l'île des Colporteurs.

Arthas suivait maître Hong, courrant sur la route principale de l'île.
Le moine avait eu un fort pressentiment juste après la fin de la cérémonie, il se doutait de quelque chose et avait emmené le guerrier avec lui vers le quai.
Une fois arrivés, il vit que son impression été fondée, il y avait un petit rassemblement sur le bateau normalement en partance. Leur discussion semblait vive.
Les deux hommes s'y dirigèrent donc, et remarquèrent un homme, un inconnu, qui semblait harcelé au milieu des autres. Xyu demanda le calme et des explications. L'homme été accusé de vol, mais niais évidemment les faits. Cependant devant la gravité de l'accusation, l'absurdité des dires du voleur, et la sincérité des délateurs, Arthas se fit menaçant et s'approcha de l'homme le poing levé pour le faire parler. Celui ci recula brusquement tout en continuant a dire qu'il ne savait rien ; il trébucha puis se rattrapa de justesse, après quoi il rehaussa sa veste. C'est là que Xyu s'aperçu qu'il y avait a l'intérieur de celle-ci une grosse bosse suspecte.
L'homme, découvert, donna le coffre qu'il cachait. C'était bien un voleur, il avait assommé -on ne sait comment- Naxor Lemaudit et avait soigneusement prélevé trente-cinq lingots de platines brillants du coffre de la guilde.
Ni une ni deux, le bandit fut conduit en prison... cependant il s'arrêta en chemin et cria :
"Il y a une forme là en bas ! Un homme allongé ! Il y a un cadavre d'homme sur la plage !"
Tout le monde fut surpris. Xyu pensa a une grossière manœuvre de diversion et ordonna a Arthas de tenir fermement le bandit, puis d'aller l'enfermer et de mettre deux gardes en faction devant sa porte.
Le moine descendit avec un petit groupe des personnes présentes. En se rapprochant il constata que c'était bien un homme qui était allongé a plat ventre... il été vêtu d'une riche tunique et avait des cheveux argent. L'inquiétude de Xyu lui fit presser le pas et une fois a coté de corps il constata qu'il s'agissait bien d'un cadavre égorgé qui avait échoué là, porté par le courant. Le moine inclina la tête un moment, visiblement troublé.
Il se releva, regarda le ciel et adressa ces paroles aux gens restés sur le quai :
"Envoyez nous des cordages, nous allons remonter cet homme !"
Arthas, qui était revenu, lui demanda l'identité de ce cadavre.
"Il s'agit de Syakalyl Defererith, l'ambassadeur des Frères du Royaume Tellurique"
La nouvelle choqua tout le monde, quelques uns mirent le genou en terre en signe de désespoir.
Arthas emmena de ses bras le cadavre de Syalkalyl dans une des grandes salles du Hall. Tout le long du chemin ses esprits se troublèrent, cet homme était d'une grande valeur, sa tache était important, tout le monde le connaissait, il y avait une mort de plus dans un Hall des Colporteurs… Le guerrier se dit qu’il avait failli a son devoir et, submergé par ses remords, il posa simplement Syakalyl sur une table et s’en alla en courant au bateau.


« « Tu te souviens quand les grawls ont attaqué le rempart Nord, il y a 6 ans en la saison du phénix ?
« Ah oui ! Ha ha ha, la tête de l’officier en charge ! Il s’attendait a une contre-offensive Charr d’une envergure inouïe et avait fait donner tous les trébuchets du mur contre deux pauvres singes vêtus de pagnes et armés de bâtons… »
Fëanor et Thaoth rigolait bien sur leur poste de garde, devant la chambre de Maelin. Ces deux vétérans n’ignoraient toutefois aucunement l’importance de leur tache, et restaient on ne peut plus attentifs. C’est alors qu’en plein échange de souvenirs, des pas pressants se firent entendre dans le couloir. C’était un garde des moines trappistes qui venait quérir Fëanor, celui ci avait un visiteur urgent.
Le rôdeur fut emmené a l’entrée secondaire du Hall, où Arthas l’attendait.
« -Qu’y a t-il ? Je t’avais bien dit de ne me déranger qu’en cas de gravité extrême, imagines si pendant que je papote là, un assassin rusé arrive a…
-Syakalyl Defererith, l’ambassadeur, a été retrouvé mort sur notre île. »
A ces mots, le rôdeur s’arrêta net. Il ne savait plus quoi dire ou quoi penser.
« -J’avais pensé l’annoncer a sa guilde, mais je n’ai jamais pris connaissance d’eux et je ne me sens pas d’assumer, en plus de cette mort qui représente une faille dont je suis responsable, la révélation d’une telle chose aux frères d’armes du défunt…
-Oui… n… ne t’inquiète pas… va vite rejoindre Thaoth… dites le aux Moines Trappistes et prend mon poste, je reviens… »



Il faisait nuit noire lorsque Fëanor, capuchonné et masqué, se présenta a la porte du Hall de Guilde des Frères du Royaume Tellurique. Il se nomma comme en visite officielle urgente, présentant un cachet des Moines Trappistes et un insigne d’officier des Colporteurs d’Ascalon. On le laissa entrer. Il alla vers ce qu’il supposait être la salle de réunion, il fallait voir le remplaceant du Maitre de guilde et lui annoncer la terrible nouvelle. En chemin il s’arrêta, tous les souvenirs de l’ambassadeur lui revenaient, ainsi que toutes les âmes que Grenth a reçu au cours de cette grande affaire. Se reprenant, il avisa un garde en faction non loin de là.
« Mon brave, allez me chercher votre chef. Dites lui que Fëanor Valandril, officier des Colporteurs, veut lui faire part d’une bouleversante nouvelle. Et hâtez vous, je vous en prie. »

Eowadra déverouilla la porte du bureau d'Eirin, poussa la porte pour sentir un courant d'air. La fenêtre était restée ouverte. Elle se dirigea vers celle-ci pour la refermer en râlant sur son étourderie.

- Pas de tête, pour oublier de la fermer.
- Elle était fermée.

Cette phrase dites sur un ton froid fît sursauter Eowadra. Elle se retourna pour voir Eirin à son bureau couvert de paperasse.

- Tu es arrivée quand ? J'avais envoyé quelqu'un te chercher vous avez dût vous croiser.
- Cette nuit, j'avais du travail à rattrapper.
- Je vois. Je suppose que je n'ai pas besoin de t'apprendre quoique ce soit ? Le vigile a dût tout te raconter.
- Je ne l'ai pas vu, mais je suis au courant, la rumeur s'est propagée comme un éclair dans toute la TYrie. Des pistes sur le coupable ?
- Oui, toi... Sambre veux te voir.
- Je ne vois pas trop pourquoi ce serait moi mais bon...
- Femme petite et qui discutais beaucoup avec lui.
- C'est un peu légé, surtout avec Sya... mais j'irai la voir. Qui s'occupes des funerailles de ... l'ancien ambassadeur ?
- Je ne sais pas, je n'ai aucune nouvelles de Mirhandil ou de sambre... Sinon, tu as réussi à trouver ce que tu cherchais ?
- J'ai récupéré certaines affaires, discuté deux minutes avec Shana. J'ai certaines pistes sur l'assassin d'Alnira mais pas beaucoup plus qu'avant mon départ. Je vais me remettre à ma paperasse et j'irais discuter avec skecyl après.
- Comment tu sais qu'il est ici ?
- Je viens de lire le rapport du batelier qui l'a amené ici. D'ailleur on va devoir réouvrir le port, il y a des marchandises a faire partir.

Eowadra regarda intensemment Eirin.

- Je vois... tu auras besoin de moi ?
- Peut-être... si tu veux bien me laisser je vais faire tout ce que tu détestes.

Eirin fît un sourrire figé a Eowadra et l'invita a sortir. Celle-ci partie, elle se perdît dans la contemplation des iris rouge qui tronais dans leur vase sur la cheminée.

- Tu as aménagé mon bureau en boudoir...

Elle se leva prît le vase et le vida par la fenêtre.

Eowadra s'inclina devant Dread.

- Oui mon cher vous pouvez quitter notre île maudite sans souci. Eirin vien de donner l'ordre de rouvrir le port et de reprendre le transport de marchandises.

Elle s'excusa et reparti en direction du hall elle fût surprise de tomber sur une Eirin pensive qui remontais elle aussi dans la même direction.

- Tu as trouvé Skecyl ?
- Oui.
- Et ?
- Je ne peux pas te dire grand chose pour le moment ... j'en saurais plus une fois que je me serais rendue au temple des ages.
- Le temple des ages ? Pourquoi le ...

Eirin fît un signe pour la faire taire.

- Tu peux vérifier l'expedition du colis et regarder qu'il arrive a bon port ? Sinon renseigne toi sur un necromant chez les equinoxe il semblerait que les FRT ai eu un même souci de rats. Trouve moi le nom de ce necromant j'ai quelques mots a lui dire...

- d'accord.

Elles remontèrent toutes deux silencieusement vers le hall.

Je n’avais pas dormi de la nuit. J’avais passé mon temps à trier les affaires du mort, et à remplir des pages blanches de mon écriture illisible. J’avais dessiné la position du corps sur la plage ainsi que la plaie béante à la gorge. Mes dessins n’étaient pas à proprement parler artistiques, mais ils avaient l’avantage d’être explicites. J’avais envoyé un messager en urgence à Ascalon pour qu’il me ramène Anis, le Moine Nécromant, expert en autopsie. J’espérais que Revely reviendrait bientôt avec les résultats d’analyse sur la précédente tentative d’assassinat contre Maelin.
La discussion avec Skecyl n’avait menée à rien. Elle avait été mouvementée et dérisoire. J’en gardais un arrière goût amer. Je n’avais aimé ni ses sous-entendus ni ses reproches. Et surtout pas la façon qu’il avait eu de m’apprendre mon métier. Furieuse, j’avais finis par lui claquer la porte au nez. En souvenir, il avait déposé une figurine en bois qui trônait toujours sur la commode de la chambre. Je bataillais pour la jeter à la poubelle, mais malgré moi quelque chose m’en empêchait. Et parfois je me surprenais à l’observer intensément, appréhendant le moment où elle pourrait s’animer. Une peur infantile sans doute, mais que je ne pouvais maîtriser.
Je me mis à fixer la riche tunique de l’élémentaliste étalée sur le lit. Comment un homme tel que Syakalyl avait pu se laisser avoir par une mort aussi sordide ? Avec sa quasi immortalité il devait avoir assez d’expérience pour ne pas se laisser surprendre avec autant de facilité ? L’attaque paraissait frontale, aucune trace de lutte, comme s’il connaissait son agresseur. Dans les vêtements luxueux que nous avions récupérés avec Coban, il n’y avait rien. Pas de bijou, pas d’argent, pas de notes. Fait étrange qui avait interpellé l’aventurier des Telluriques. Syakalyl avait pratiquement toujours sur lui un carnet où il retranscrivait fidèlement les derniers évènements en date. J’essayais de me souvenir de notre entrevue dans ses appartements. Avait-il un collier, une bague ? Les lui avait-on volé ? Ce Cédric, ce voleur prit la main dans le sac et qui parcourait l’île des Colporteurs comme s’il la connaissait comme sa poche, était il impliqué dans ce meurtre ?
Epuisée, je posais mon front contre la vitre. C’était l’aube. Le soleil n’avait pas encore pointé à l’horizon, mais le ciel se chargeait de lueurs incandescentes. Tantôt pourpre, tantôt violacé, le jour s’étirait doucement sur le nouveau hall. Un hall qui avait vu une triste inauguration.
Une lumière s’alluma soudain dans l’aile des invités. Mirhandil était donc là. Nous l’avions cherché la veille avec Coban mais il n’était pas dans ses appartements. Traz Dordolio non plus d’ailleurs. Qu’avaient-ils donc pu trafiquer tous les deux ? Etaient-ils ensemble ?
Je soupirais. Il fallait bien que quelqu’un lui annonce la nouvelle. Avais-je vraiment envie de le faire ? Non. Avec un peu d’espoir, j’espérais que Coban s’en était chargé.
Ce n’était pourtant pas la première fois que j’annonçais une aussi triste chose. Malheureusement je n’avais jamais été douée pour ça. Je m’écartais à regret de la fenêtre et sortit de la pièce.
Quand je frappais à la porte des appartements de Mirhandil, il mit un moment avant de me répondre. Le battant s’entrebâilla et seul sa tête fut visible.
- Oui ? … Sambre ? Qu’est ce qu’il y a ?
- Je peux entrer ?
Je le vis hésiter un instant.
- Euh…
- C’est important, Mirha. Sinon je ne me permettrais pas…
- Mmh… Tu prends de drôles d’habitudes… murmura-t-il en grimaçant
Je relevais un sourcil et il s’effaça pour me laisser entrer. Si j’avais eu la coutume d’être mal à l’aise, j’aurai rougi. Une serviette de toilette dans la main, les cheveux encore mouillés, il ne portait sur lui que son pantalon et ses bottes. Visiblement je le dérangeais dans ses ablutions.
J’observais la pièce rapidement. Des vapeurs de fumées s’échappaient encore de la salle de bain, le lit était à moitié défait et des papiers épars traînaient sur la table de travail. Une bouteille de vin encore bouchonnée et deux verres propres attendaient sur la commode. Qui d’autre devait venir ?
- Coban est passé te voir ? demandais-je
- Non, pourquoi ?
- Tu veux bien t’asseoir ?
La tête penchée sur le côté, il se frottait les cheveux avec la serviette, ignorant ma proposition.
- Où étais-tu hier soir ? questionnais-je
Cette fois il s’arrêta brusquement en fronçant les sourcils.
- Tu es venue ici pour m’interroger ? répliqua-t-il menaçant
- Nous t’avons cherché avec Coban, répondis-je tranquillement. Et oui, ce qui s’est passé hier soir est assez important pour que je t’interroge !
- Que s’est-il passé ?
- Sya est mort, égorgé. Nous avons retrouvé son corps sur la plage.
Pour le coup, il tomba plus qu’il ne s’assit sur le rebord du lit. Son visage était livide, sa respiration saccadée. Ses cheveux bruns glissèrent doucement sur ses épaules affaissées, cachant la douleur qui mordait ses traits.
Non, je n’étais décidément pas douée pour annoncer ce genre de nouvelles.
Je laissais le silence envahir la chambre. Par la fenêtre, le soleil éclairait à présent la vallée. Dehors, la vie continuait, sans se soucier du malheur des hommes.
- Comment est-ce possible ? chuchota-t-il au bout d’un moment
- Là est toute la question. Nous l’avons déposé dans une chambre froide et nous l’avons examiné. Ce que je peux dire c’est qu’il a été frappé de face, par une personne de petite taille et droitière. Plaie de bas en haut et de gauche à droite. Il connaissait vraisemblablement son agresseur. Pas de bleus pouvant laisser croire à une lutte. Avec Coban nous avons recensé ses affaires. Il ne portait aucun bijou, aucune pièce et pas de carnet. Il a donc été dépouillé après le meurtre et jeté à la mer. L’autopsie nous dira s’il était mort au moment du plongeon. Il m’est d’avis qu’il avait découvert quelque chose et qu’on l’a fait taire. S’il n’avait pas mené son enquête en solitaire tout ça n’aurait pas eu lieu.
Il releva brutalement la tête et me fixa le regard flamboyant.
- Tu insinues quoi ? Que c’est sa faute si on l’a tué ? grogna-t-il la voix sourde
Il était manifestement en colère. Une colère qui n’était pas dirigée contre moi, mais qu’il fallait bien décharger. Je haussais les épaules. Je n’étais pas douée non plus pour la diplomatie.
- Je dis que sa mort aurait pu être évitée.
Je me tus en entendant des coups à la porte. Mirhandil n’ayant pas l’air de réagir, ce fut moi qui ouvrit et qui trouvait Coban sur le seuil. L’espace d’un instant il parut surpris de me voir, mais ne refusa pas d’entrer quand je le lui proposais. Je le vis examiner la pièce comme je l’avais fait précédemment, puis il regarda Mirhandil et enfin moi. Nos regards se croisèrent mais il ne fit aucun commentaire. Impassible, il s’approcha de son chef et lui posa brièvement une main réconfortante sur l’épaule.
- Je vais vous laisser, déclarais-je alors en reculant
J’étais soulagée au demeurant que l’Officier des Telluriques soit passé. Il en savait autant que moi, et saurait expliquer la situation avec plus de calme et d’objectivité que je n’avais pu le faire.
- Je réanimerai le corps juste avant l’autopsie. Si vous voulez y assister retrouvez moi dans trois heures à la chambre froide.
Coban hocha la tête et je tournais les talons, bien décidée à partir à la recherche de Traz pour l’interroger.

J’arrivais avec Anis devant la porte de la chambre froide en milieu de matinée. Mirhandil, Coban et Eowadra attendaient déjà dans le hall. Je présentais rapidement le moine que je venais d’accueillir au port. Il avait pris la route dès réception de mon message. Gracieusement il avait accepté de m’aider et je lui en étais reconnaissante. Sur le trajet jusqu’au hall je lui avais dressé la situation. Sans entrer dans les détails, j’avais relaté les faits. Et l’espace d’un instant j’avais eu l’agréable impression de revenir dans le passé. Echanger et collaborer avec un expert me manquait visiblement.
Coban ôta le sceau de protection qu’il avait installé la veille, et nous pénétrâmes dans la pièce. Sur la grande table au centre, Syakalyl reposait sous un drap blanc, comme nous l’avions laissé. Anis posa sa valise sur un long buffet contre le mur et l’ouvrit. A l’intérieur se trouvaient tous les outils nécessaires pour pratiquer l’autopsie. Scalpels, pinces à os, scies, couteau à cerveau, levier crânien. Des engins de torture, tous autant indispensables. Il embrassa rapidement la pièce et grimaça.
- Ce n’est pas vraiment ce à quoi je suis habitué…
- Tout le monde n’est pas équipé comme toi, Anis. Si tu préfères on évitera de prélever les organes …
- Je me contenterais de ce que j’ai, mais si je pouvais avoir quelques autres récipients…
Il se tourna vers Eowadra.
- On sait jamais ce dont on aura besoin, mais si vous pouviez demander à ce que j’ai un bac, une balance, quelques sceaux, et euh… un endroit réfrigéré…juste le temps de déposer les organes…
Eowadra acquiesça, rouvrit la porte et donna des ordres à un garde en faction.
- Coban ? Tu peux nous refroidir l’armoire ? demandais-je en montrant du doigt un placard mural. Ainsi que la pièce lors de l’autopsie ?
- Bien sûr.
- Anis, tu veux examiner le corps ou je commence ?
- Vas-y. Avec un peu de chance il nous racontera sa mort en détail et je n’aurai plus grand-chose à faire.
Le moine sortit un carnet de notes et un crayon. Il me fit signe que je pouvais entamer la réanimation. Il fut une époque, où pour ranimer un cadavre j’avais besoin de tout un matériel bien précis. Le sang d’un animal, des épices, une dague. Aujourd’hui, il ne me restait que le poignard à lame d’obsidienne et mon pouvoir. Je repoussais le drap blanc jusqu’à la taille et fit le tour du corps. Syakalyl reposait paisiblement sur la table, seule la plaie béante à la gorge démentait un profond sommeil. La peau n’avait pas encore cette coloration verte qui caractérisait la plupart des cadavres au bout de 48 heures. Le froid ambiant de la pièce avait ralentit l’action des bactéries, ainsi que la rigidité cadavérique. Habituellement, celle-ci s’installait très rapidement, entre une demi-heure et trois heures après le décès, s’étendait en 6 à 12 heures, puis disparaissait encore en 6 à 12 heures.
Le silence pesa soudain alors que je m’arrêtais en bout de table. Le rituel allait débuter. Je laissais mon pouvoir s’échapper, glisser sur le corps, pénétrer les muscles. J’étais certainement la seule à voir des volutes vertes courir sur les membres de l’ancien ambassadeur. Des volutes qui ondulaient sur les bras, les jambes, qui coulaient le long de la table, s’étendaient à mes pieds, grimpaient aux murs. La magie donna subitement vie à la chair. Je l’aperçu frémir. Et chacun retenait son souffle. Le griffonnement du crayon contre le papier était le seul bruit étouffé qu’on entendait.
J’attendis quelques secondes qu’il veuille bien se redresser. J’attendis en vain. Interloquée, je fronçais les sourcils, plissais les yeux. Anis s’approcha à son tour, surpris, le crayon en l’air.
Jusque dans sa mort, Syakalyl avait décidé de me donner du fil à retordre.
Je donnais un flux plus important à mon pouvoir. Une vague puissante se fracassa sur la dépouille, s’introduisit en force par la bouche, les narines, les yeux. Je sentis la mort, le vide, le froid. Je voyais les organes, la trachée, l’estomac, le tube digestif. Et ma magie remplissait le cadavre. Des pieds à la tête, comme un liquide occupant tout l’espace. Je me vidais petit à petit sans que le corps ne daigne bouger. Je ne sais combien de temps je restais accrochée à la table, mais j’eu l’impression d’une éternité. Puis brutalement, sous ma propre volonté, le cadavre réagit. Il se dressa assit, face à moi, les yeux ouverts. On l’aurait dit en vie. Nous restâmes ainsi, à nous regarder, immobiles. Pas un bruit, pas un souffle ne venait interférer le lourd silence accablant.
Je rappelais mon pouvoir, épuisée et interdite. Syakalyl retomba mollement sur sa dernière couche.
- On laisse tomber, déclarais-je consternée
- Comment ça, tu laisses tomber ? s’écria Mirhandil furieux. C’est hors de question !
Il se redressa, prêt à me sauter dessus.
- Mirha…je ne peux pas le ranimer…
- Quoi ? Comment ça ? s’exclama Coban à son tour
Ils se mirent à parler en même temps, propos incompréhensibles que je ne pus déchiffrer. Eowadra me vint en aide.
- Messieurs, s’il vous plait ! Il y a sûrement une explication, non ? Sambre ?
Je soupirais, regardais Anis qui haussa les épaules et essayais de m’expliquer.
- Quand je ranime un mort, il y a une part de son âme qui vient lui rendre visite. Ou tout du moins, un bout de son esprit, de sa mémoire. Enfin, l’essence même de sa personnalité lorsqu’il était vivant. Or là, ce n’est que ma magie qui l’anime.
- Est-ce possible ?
- Dans l’absolu, non.
- Tu veux dire quoi par là ? coupa Mirhandil. Qu’il n’a pas d’âme ?
- Je dis que je n’arrive pas à rappeler son âme. Pas qu’il n’en a pas.
Je vis Anis poser son bloc note près de sa valise. Silencieux, il paraissait réfléchir.
- Tu dis que tu n’y arrives pas, et en même temps tu dis que c’est impossible, continua Mirhandil. Y a pas une contradiction dans tes propos ?
Je me tournais vers le chef des Telluriques. Je pouvais comprendre le sentiment d’impuissance qui l’habitait. Mais je me demandais s’il n’était pas entrain de me tenir responsable de ce fait.
- Evidemment, qu’il y a une contradiction, répliquais-je agacée. C’est la première fois que ça m’arrive !
- Et ça fait longtemps que vous ranimez les morts ? questionna Coban
Je le fixais, soudain menaçante. Etaient-ils entrain de se moquer de moi, tous les deux ?
- Sam ? interrompit Anis calmement. Tu te souviens de cette histoire d’échange d’âmes sur laquelle nous avions travaillé ?
Pendant quelques secondes je fouillais dans mes vieux souvenirs d’Ascalon.
- On a eu tellement d’affaires…
- Rappelle toi. On avait découvert un cadavre qui traînait dans une vieille hutte. Une femme d’un certain âge. Quand tu l’as ranimé son discours était inintelligible ! Elle disait avoir vingt ans, être mère de deux enfants et enseigner à l’école du village d’Ashford. Or elle avait tout l’air d’avoir soixante ans, d’être krytienne et de ne jamais avoir été enceinte.
- Oui, oui, je me souviens. Un guerrier immortel avait échangé le corps de sa femme vieillissant avec celui d’une femme plus jeune. Mais dans ce cas précis, il avait fait appel à une incantation trouvée dans le Livre des Morts. C’était un échange en bonne et dû forme. Ici, je n’ai pas d’âme du tout. S’il y avait eu permutation je devrai logiquement parler à quelqu’un.
- Et si elle avait quand même eu lieu ?
- Que veux-tu dire ?
- Et bien pourquoi n’aurait-on pas sorti l’âme de ce corps pour l’enfermer quelque part ?
Je l’observais attentivement. Comme le reste de notre auditoire. Ils nous fixaient sans rien dire, attentifs à l’hypothèse qui prenait forme.
- Tu supposes que son âme serait dans un réceptacle et ne pourrait en sortir ?
- Ou inaccessible à ta magie.
- C’est impossible. Ma magie va chercher jusqu’en enfer les âmes des damnés.
- Et bien dans ce cas ta magie la trouve mais cette âme ne peut répondre à ton appel.
- Vous avez toujours sous scellés le Livre des Morts ? demandais-je inquiète. Il n’en existe qu’un seul exemplaire, à ma connaissance.
- Aux dernières nouvelles, personne ne peut plus s’en approcher, approuva Anis
- Alors qui peut extirper une âme et m’empêcher de la récupérer ?
- Je dirais un nécromant très puissant.
Je regardais Syakalyl, songeuse et hochais lentement la tête. Il était étrange que le premier nom qui me venait à l’esprit fut celui de son propre frère, Skecyl Eyantakalsyn.

Bernardo s'affairait tel une fourmi dans son bureau, ignorant une fois de plus la présence de Shana, imperturbable, comme statufié dans le coin de la pièce. Il alimentait l'âtre avec moult documents qu'il venait de trier dans ses papiers, le nervosité était palpable sur son visage alors qu'un garde arrivait pour lui annoncer la venue de prophètes divins désirant s'entretenir avec lui…

- "Par Dwayna, ils choisissent bien leur moment ceux-là pour venir dispenser leur pagaille ici. Occupe toi de les recevoir et de me les amener petite" dit-il à son garde du corps tout en accélérant le nettoyage de son bureau.

D'une simple phrase accompagnée d'un acquiescement de la tête, la guerrière passa ses instructions au garde qui couru faire le nécessaire pour escorter les visiteurs jusqu'à elle. L'inquisiteur pestait encore alors qu'ils se présentaient sur le seuil.

- "…et l'autre névrosé qui a encore disparu, je ne m'en sortirais jamais… J'en connais un qui va passer un sale quart d'heure… Bon, que puis-je faire pour vous mes chers amis ?" dit-il se retournant vers les arrivants sur un ton plus que mielleux…

Avant son retour de sa garde de la chambre de Maelin, Fëanor s'est employer a raviver de très vieilles connaissances et a décidé de commencer son enquête seul, sans aucune autorisation... Il fallait que ces malheurs cessent.
Il a découvert des secrets cachés mais aucun ne l'éclairèrent vraiment, même si quelques un l'ont sincèrement troublé.
Sur le quai de l'Arche du Lion, il croisa un individu sombre. Celui ci se battait a main nue avec tous ceux qui l'approchait. Il déclencha vite une émeute dans la ville. C'est alors que cet être devint comme fou et massacra plusieurs garde avant de se ruer vers le bateau en partance. Il traversa le ponton sur lequel Fëanor marchait et lui assena un violent coup de marteau sur le bras avant de se jetter a l'eau et de disparaitre a la nage.
Le destin avait sans doutes décidé de retarder encore plus le rodeur dans son retour chez les Colporteurs. Cependant, cet individu n'avait aucun lien avec son affaire, c'était sans doutes un brigand comme un autre...

Le rodeur était tombé sur les planches de bois vermoulues mais robustes.
Un grand homme a la riche tunique, les cheveux argents, le releva. Cette vision l'effraya et il repoussa l'individu.
Le pauvre homme essayait pourtant de l'aider, mais en ce moment où il avait réussi a oublier les derniers évènements, Fëanor eu l'impression de revoir Syakalyl. Ceci lui fit se remémorer toutes les victimes qu'avaient entrainé la tentative de rétablissement d'une jeune inconnue.

Fëanor regardait tristement les vagues azurs qui percutaient la coque du navire. Les remous lui emmenait des bouffées d'embruns marins sur le visage, lui séchant ses yeux humides.
Le navire accosta avec fracas sur le quai de l'Île des Colporteurs.
Voilà donc le nouveau hall, pensa le rôdeur, déjà taché du sang de nos alliés...
Fëanor débarqua. Sur le chemin il rencontra un attroupement, enfin des visages familiers.
Il les salua, son but immédiat n'était pas de discuter, cependant les personnes en présence, Ysaline Satyrus en tête, lui demandèrent des nouvelles variées. A la fin de leur conversation, la guerrière lui conseilla de prendre du repos et lui assura d'envoyer une relève chez les Trappistes.
Le rodeur parti, se tenant le bras gauche pris d'une vive douleur.
En chemin il croisa le chef des trappiste qui marchait d'un pas vif, son arme a la main.
Arrivé près des quartiers des officiers, il entendit du bruit provenant d'une salle à la porte ouverte. Il n'avait pas le temps d'aller voir, il s'enferma dans sa nouvelle chambre après avoir agréablement constaté qu'elle était entièrement ordonnée. Il s'allongea sur son lit et attendit... quelqu'un allait sans doutes venir.

En plein milieu de la nuit, Skecyl sentit une énergie qui ne lui était pas inconnue se manifester en dessous du bateau. Cette fois-ci, elle était bien moins dissimulée et d'autant plus virulente. Reprendre le controle de ce qui se trouvait en bas ne serait pas une tache facile...

Alors qu'il commencait à incanter pour se prémunir contre ce qui arrivait, un choc énorme se fit ressentir, faisant ainsi tomber le nécromancien à la renversse.

Avisant la situation, Skecyl entama le rituel afin de prendre le contrôle de la chose, mais il se rendit vite compte qu'elle s'éloignait déjà. L'attaque éclair n'avait pas été sufisante pour renverser le bateau. Mais une certaine puissance magique perdurait. Skecyl n'arrivait pourtant pas à percevoir son type. Ce n'était pas de la necromancie, il s'en serait aperçu sur l'instant.

Les éléments ? Non, il aurait aussi réussi à le sentir, il en avait pris l'habitude avec son frêre. La magie des envouteurs alors ? Non plus. Aucune trace de cette magie vicieuse. Perdu dans ses pensées et plongé dans l'analyse de ce pouvoir oppressant, Skecyl entendit alors les marins crier.

Le fond de la calle se remplissait d'eau. La coque avait été percée en plusieurs endroits, et le bateau allait couler à coup sûr. Il fallait débarquer sur les canots de sauvetage et joindre l'île la plus proche au plus vite.

Maudissant l'instigateur de cette agression, Skecyl prépara ses affaires.
Le pouvoir inconnu avait déjà disparu dans les profondeurs de la mer et la puissance nécromantique passait en dessous pour le récuperer avant de s'éloigner avec hâte.

Parvenu sur le pont, Skecyl envoya un signal jusque sur le continent par l'intermédiaire de l'un de ses nombreux réceptacles vitaux. On ne tarderait pas à venir le chercher...