[RP] Chapitre II : Les Guides

*Arrive dans la taverne dont il avait souvent entendu parler et où les trappistes venaient souvent.
Se fondant dans la masse d'ivrognes du coin, il écoute un moment les discutions en se cachant des regards des gens encores lucides !*

*Ayant noté les nom de quelques personnes il reconnu celui de "Kaede" et décida d'agir.*

*Profitant que la rodeuse commande une autre pinte en appelant la serveuse, il déposa devant elle un message soigneusement replié et reparti avant même qu'elle ne finisse sa commande qu'il trouvais d'ailleur bien conséquante pour une femme.*

*revenant à ses pensées Kaede vit devant elle le bout de papier replié mais personne dans la taverne ne semblait avoir bouger, elle ne senti qu'un courant d'air frai venant de l'extérieur au moment où la porte se refermait doucement.*

*décidant de lire le message elle ne pu se retenir de refouiller la salle à la recherche d'un individu suspect*

Citation :

Eirin Azra est morte.

Tournant la tête en tout sens, elle ne put cependant déterminer avec certitude qui avait pu placer ce morceau de papier devant elle. La nouvelle lui avait fait l'effet d'une bombe, mais son cerveau encore sous le choc parvint à suffisamment s'éclaircir pour qu'elle prenne conscience de l'importance de cette nouvelle...
Cette mort supplémentaire allait à coup sur mettre le feu à la poudrière qu'était devenu l'ensemble des guildes autrefois alliées.

Elle devait agir, et un seul nom lui vint à l'esprit.
"Yarblek".

Elle se leva soudain de sa chaise, la renversant au passage, prit son arc et ses flèches, et sortit en courant de la taverne, prenant la direction de l'abbaye.

Arrivée devant la salle d'armes, elle reconnut le bruit d'un marteau qu'on abat avec fureur. S'approchant de l'entrée, elle vit celui qu'elle cherchait s'entrainant au maniement de son marteau diabolique de Malinon.

Yarblek se retourna, et voyant la silhouette de son aimée, il arrêta son geste. Lisant sur ses traits tristesse, peur, angoisse mêlés, il s'approcha d'elle, et la prit dans ses bras dans un mouvement qu'il voulut rassurant.
Kaede éclata alors en sanglots, et ne put que laisser échapper quelques mots, ceux-là même qu'elle avait lu quelques instants plus tôt.

"Eirin, Eirin Azra, est..... morte."

Stupéfait, Yarblek s'écarta de Kaede, et la fixa droit dans les yeux. Bien que caché par les larmes, son regard reflétait la plus grande détermination.
Il reprit son marteau posé au sol, et d'une voix qu'il voulut assuré mais qui marquait l'émotion qui l'étraignait, prononca deux mots qui lui demandèrent un effort quasi surhumain:

"Suis moi."

Il sortit de la salle d'armes, Kaede accablée de tristesse suivant ses pas.

Un des plus ancien garde du Hall des LCA fut envoyé au hall des Trappistes, mandaté par Xyu. Ayant en poche une lettre destinée à L'Inquisiteur, il la lui remit avec un salut militaire en présence de Shana avec ces mots :

Messer Inquisiteur, je connais le contenu de cette lettre car mon officier Xyu Hong tenait à ce qu'elle soit respectée scrupuleusement, vu les récents evenements qui ont secoués notre guilde. Je me met donc à votre disposition pour assurer votre sécurité.

Se tournant vers Shana

Xyu t'attends au plus vite, Shana. Je prends ta place ici. Il sembla un peu gené mais continua en s'embrouillant un peu devant le regard de Shana: Xyu pense que si il ne t'ordonne pas de revenir de maniere formelle, tu risquerais de trainer... Il s'agit donc ici d'un ordre de sa part. Il s'excuse d'avoir à employer des ordres avec toi, mais il semble tenir à ce que tu ne traines pas. Les Trappistes ont déjà préparé un cheval pour toi.

Et il se retourna vers l'inquisiteur. Son regard ne tremblait pas quand il regarde le petit homme chauve dans les yeux, et on put lire autant de détermination que Shana à remplir cette mission

*Observe la scène caché dans la pénombre*
*Retourne au chevet de Maelin discrètement*

#les yeux de l'Abbaye sont partout#

Shana ne dit qu'un sol mot désarçonnant l'inquisiteur et le messager par la même occasion :

- non.
- Moi je suis les ordres, donc tu y retournes et moi je prend ta place.
- non.

Le garde allais dire autre chose quand la porte du bureau claqua sur le mur, laissant entrer un Yarblek armé et Furieux suivit de prêt par Kaede. Ne laissant personne réagir Yarblek donna un coup de marteau à Bernardo qui l'atteignit au bras lui laissant celui-ci balant et sanguinolant.

- POURQUOI !

Shana attrapa le marteau avant qu'il retombe sur sa cible.

- non.

Shana regarda Yrablek dans les yeux toujours aussi impassible sans montrer aucune emotion.

...dans son coin, la nouvelle arrivée chez les LCA avait l'air d'en savoir plus que de raison sur cette affaire...

Elle se tourna vers sa soeur, lui demandant si elle pouvoait avoir un peu d'intimité.....ceci fait, elle entra en transe et marmonnait des phrases à peine compréhensibles...

On n'entendit néanmoins :
Laissez-moi m'en occuper et tout ce remue-ménage ne sera plus qu'un souvenir

...son regard s'assombrit, elle se leva subitement et sortit de la maison...

Bernardo chancelant, maintenait de sa main gauche son bras droit ballant, inanimé sur son flanc. La douleur avait été fulgurante, tout autant que la surprise de l'attaque du jeune rôdeur. Il ne souffla mot, son règne dans l'abbaye venait de tristement se terminer, il le savait. Ses ouailles avaient finalement décidées de se mutiner sous la houlette de Yarblek qui, les yeux fous, n'avait rien d'un enfant de cœur…

"Chien !!! Pourquoi as-tu fait tuer tout le monde ?" lui cracha-t-il à la face, alors que se regroupait autour de la scène Talinee et Kaede, dévoués également à la cause du jeune homme.

"Je n'ai fait tuer personne, cela n'a jamais été dans mes intentions, je le jure, je demande clémence et indulgence…" se mit à bredouiller l'inquisiteur, complètement désarçonné par ce qu'il se passait. "Je réclame un procès juste et équitable, je vous en prie, laissez moi m'expliquer !"

Shana, qui n'avait pas quitté Bernardo d'une semelle depuis son arrivée dans l'abbaye, se mit à exposer son point de vue au sujet de la culpabilité hypothétique de son protégé. Elle, que l'on aurait pu croire muette certains jours, fit un témoignage dithyrambique réussissant à calmer les ardeurs des révolutionnaires Trappistes…

L'arrivée de Karal Longsoupir coïncida avec les tentatives d'explications désespérées de Bernardo. Plus rattrapé par sa raison que par une quelconque pitié Yarblek ordonna donc à Talinee de mettre l'inquisiteur au frais dans une geôle des souterrains de l'abbaye. Mais les insinuations de Karal et son refus de livrer Traz à la justice de son marteau le mirent de nouveau hors de lui…

"Vous allez me livrer Traz tout de suite, je ne veux pas entendre parler de procès ou de votre soi-disant justice, je n'ai que peu de temps devant moi et je vais régler ça à ma manière. Je sais ce que je veux, et je l'aurais, même si l'on doit écraser d'autres guildes au passage !!!" hurla-t-il au nécromant.

"En ce cas ne vous en prenez pas à Bernardo gratuitement, laissez Sambre Lyssa faire son office, il faut que des guildes neutres de tout ça puissent apporter un regard extérieur et impartial, une fois les jugements rendus la sentence sera votre je n'en doute point. Mais si vous tuez ou faites tuer l'inquisiteur sans autre forme de procès, je vous tuerais Yarblek" s'emporta Karal, ce qui fit sourire le jeune rôdeur impétueux…

"Oui, si vous le dites… c'est que ça doit être vrai…" lui dit-il avant d'appeler les garde afin d'expulser l'étranger hors du domaine. Yarblek avait désormais les rennes de l'abbaye, il était le maître à bord, et il comptait bien nettoyer tout ça comme il l'entendait. Alors que le nécromant quitta l'île dans une disparition théâtrale, il proféra ses ordres à tous les gardes en faction, le domaine des Trappistes allait retrouver sa force d'antan, il ne pouvait en être autrement…

Ha ben tu vois qu'il y a encore un petit peu de vie sur cette île ma toute belle… Mais oui vas-y fait toi plaisir, cours lui après ça te fera du bien…
Non ?
Ho y'a quelque chose qui va pas toi on dirait, tu veux pas m'en parler ?
Mais pourquoi tu ne me dis plus rien en ce moment, tu me fais la tête pour une raison quelconque ?
Ne me dit pas que… si ?
Tu es jalouse !!!
Oh ma chérie, je suis désolé, je ne voulais pas te faire de peine, ce n'étaient que plaisanterie déplacées et grivoiseries de bas étages de ma part. Je t'en demande pardon mais la petite nerveuse à un petit quelque chose en elle qui me fait penser a toi, tu vois… c'est pour ça, juste parce que je pensais a toi…
Allez ne me boude plus… là ça va mieux… je préfère t'entendre ronronner comme ça ma puce… Ha ben tu vois, alors pourquoi réagir comme ça si toi aussi tu l'aime bien ?
Tout va bien aller… on est pas bien ici seul tous les deux, c'est le paradis sur terre ces ruines...

La fin du règne de Bernardo sonnait donc l’avènement de Yarblek aux commandes de la guilde, mais il avait l’intention de s’en débarrasser le plus vite possible.
Cependant, les évènements qui venaient de se dérouler n’avaient pas réussi à calmer sa fureur, et Kaede dut faire usage de tous ses charmes pour l’apaiser.

Au petit matin, dans la chambre où ils venaient de s’installer ensemble, les deux rôdeurs commencèrent enfin à aborder le sujet, Yarblek voulant connaître l’avis de Kaede.

Yarblek : j’aimerai bien avoir ton avis sur comment mener les choses… *air embêté* je suis pas sûr que faire la guerre à toutes les guildes soit une si bonne idée que ça…

Kaede : *s’étire* oui, tu as peut être été un peu impulsif… Tu sais ce que tu vas faire maintenant ?

Yarblek : j’enverrai une délégation aux FRT pour participer au procès de Traz, mais les responsables du procès ne pourront interroger Bernardo qu’au sein de l’abbaye. Je ne laisserai pas cette sale fouine mettre son nez là où ça ne la regarde pas !

Kaede : la sale fouine, quelle sale fouine ?? De qui tu parles ?

Yarblek : *serre les poings* de l’autre guignol, là…. Le nécro….

Kaede : *tente de le calmer en changeant de sujet* Et tu comptes rester à la tête des Trappistes ?

Yarblek : Non, si Joan n’est pas trop affecté par la mort d’Eirin…

Kaede : Ah…. Je vois… Le mieux serait sans doute que je représente la guilde au procès de Traz, non ? J’ai de bons contacts avec les FRT, je serais sans doute bien reçue…. Qu’en penses-tu ?

Yarblek : Te faire intervenir ne me plait pas, je crains toujours pour ta sécurité… Mais je ne peux pas non plus t’obliger à rester à l’abbaye, sagement, sans bouger…. Pour ne rien te cacher, je suis un peu dépassé par tout ça… Comment ferais-tu à ma place ?

Kaede : Je ne sais pas trop… Sans doute comme toi… *air triste*

Yarblek : *soudain inquiet* qu’est ce qui t’arrive ??

Kaede : Tu vas bientôt partir… Tu vas bientôt me laisser, laisser l’abbaye…

Yarblek : *commence à lui caresser les cheveux* Oui, je sais… Mais ce n’est pas le moment d’en parler… pas quand je t’ai dans mes bras…

Kaede : *sourit* Tu as raison…

Yarblek : *l’embrasse* Et si on dormait maintenant ? Avec tout ça, on n’a pas pris beaucoup le temps de se reposer… A moins que tu aies mieux à me proposer….

J’eus une drôle d’impression quand j’accostais chez les Trappistes. Un sentiment que je n’avais encore jamais ressenti. Un effet de mon pouvoir, semble-t-il. J’avais à peine posé le pied sur la passerelle que je vis clairement toutes les personnes présentes sur l’île, comme si je me trouvais au-dessus d’elles, omnisciente. L’espace d’un instant j’en fus désarçonnée. Je titubais comme si j’étais saoule. Ce n’était pas réellement les corps que je discernais, mais plutôt des sortes de flammes qui devaient sans doute représenter leurs âmes. Leurs couleurs différaient étrangement l’une de l’autre. Certaines étaient jaunes, d’autres rouges. Et je savais inconsciemment que les nuances symbolisaient les émotions. Je sentais la haine et la rage sur les plus vives, comme un écho en réponse à ma magie.
Le moine qui venait à ma rencontre m’observa bizarrement. Mais je restais immobile, me concentrant sur les minuscules petites torches animées que je distinguais. J’essayais de trouver l’Inquisiteur. J’aurai très bien pu demander au trappiste près de moi de me conduire jusqu’à lui, mais qu’elle était l’utilité d’avoir une nouvelle faculté, si je ne savais pas m’en servir ? Voir leurs âmes sans les différencier n’avait aucun sens. Je savais que j’étais capable de trouver Bernardo Gui dans toute cette population agitée. Et je finis par le deviner au fin fond d’un cachot oublié. Je relevais un sourcil, étonnée. Les trappistes étaient rapides en besogne.
Je me préoccupais enfin du moine pour le congédier aussitôt. Il n’eut pas l’air d’apprécier, me fit une grimace et tourna les talons en grommelant qu’il en référerait au nouveau maître en place.
D’un pas ferme et décidé je traversais l’abbaye, poussais une porte étonnamment vide de gardes, et pris l’escalier sombre et lugubre que je voyais plonger dans les ténèbres. Je sentis les rats plus que je ne les vis, l’odeur pestilentielle du cadavre en décomposition, l’humidité stagnante de l’air devenu irrespirable. Il y avait longtemps que la prison n’avait pas servie. Des lanternes encore grésillantes venaient d’être allumées, m’ouvrant le chemin jusqu’au prisonnier.
Derrière les barreaux, Bernardo se tenait prostré sur sa paillasse crasseuse. J’aperçus Shana dans l’ombre d’un coin obscur, fidèle à son poste, gardant sauve la vie de son protégé. Elle se raidit en me voyant mais n’eut aucun geste provocant à mon encontre. Je tirais alors la seule chaise en bois qui se trouvait dans la pièce et décidais de l’ignorer. Pour le moment. A califourchon je croisais enfin le regard noir du petit homme.
Un rire sarcastique s’échappa de ma bouche sans que je puisse le retenir.
- Vous avez dû être vilainement méchant pour vous retrouver dans ce palace…
Je jetais délibérément un regard appuyé autour de moi, mon sourire moqueur ne me quittant plus.
- Qu’est ce qu’un Grand Inquisiteur tel que vous, a bien pu faire pour mériter pareil traitement ? … hum… voyons…
Un doigt sur la bouche, je faisais semblant de réfléchir.
- Cela doit sûrement être un affreux crime, non ? … un meurtre sans doute ?
Je me tus subitement et le regardais faussement ahurie
- Comment ? Que dites-vous ? Trois meurtres ? … je comprends à présent autant de faveur de la part de votre guilde …Quel autre coup de théâtre vous prépare-t-on pour la suite ? Une décapitation ?
Je vis sa flamme s’assombrir d’un coup. Du jaune, elle vira à l’orange écarlate. Il me fixait de ses yeux sombres flamboyants, bouillonnant vraisemblablement de me sauter à la gorge pour toutes mes railleries. Si j’avais pitié de Traz, Bernardo ne m’inspirait que dégoût et répugnance.
Je me redressais, soudain très sérieuse. Je gardais un œil sur une Shana immobile ainsi que sur tout autre trappiste affairé à l’air libre. Etrangement peu de moine s’approchait de la porte des oubliettes.
- Soit. Allons droit au but. Nous savons que vous êtes l’instigateur et le commanditaire de plusieurs meurtres…Une petite idée des victimes, peut être ? Histoire de vous rafraîchir la mémoire ? Alnira, Slik, Eirin… des noms qui vous disent quelque chose, non ?
Muet, il continuait à me dévisager, regrettant probablement de ne pas avoir rajouté le mien sur sa liste.
- En cela vous serez jugé et condamné. J’en referais aux autorités compétentes dont l’île dépend. Vous aurez droit aux fers et au bagne. Et ne croyez pas que la Garde Judiciaire sera plus clémente que la Justice Trappiste. Elle peut très bien émettre un ordre d’exécution, elle aussi.
Il ouvrit la bouche, mais je le coupais durement.
- Maintenant que cette question est claire, élucidons la suivante. Etes vous aussi l’auteur des attentas contre Maelin ou avez-vous sauté sur cette merveilleuse aubaine pour prendre le pouvoir et jouer au maître de guilde ?
Comme il se taisait buté, mon sourire ironique revint flotter sur mes lèvres.
- Comment ? Vous ne désirez plus parler maintenant que je vous donne l’autorisation ?

Bernardo ne savait plus à quel dieu se vouer, tantôt envahi par la haine et la rage à l'encontre des Trappistes ou de toute autre personne. Tantôt désarçonné par la crainte, voire le remord il ne souffla mot à Sambre.
Il écouta impassiblement ses reproches et remarques acerbes, passant du rouge écarlate au blanc quasi transparent. Il était loin d'être en position de force, et il le savait, mais il ne fallait pas que tout ceci se termine comme ça, cela ne pouvait pas finir comme ça, pas lui…

Il n'osait chercher Shana du regard, ni Sambre d'ailleurs. Mais qui allait le défendre s'il ne prenait la parole, elle était déjà en train de le condamner, il ne pouvait le tolérer. Contre tout attente c'est un événement inattendu qui lui sauva la mise. L'intervention de son "pire ennemi" arriva à point nommé. Le petit rebelle Trappiste, l'instigateur de cette abominable mutinerie qui venait de coûter le pouvoir à l'inquisiteur ne pu admettre que Sambre continue a enquêter libre de tout mouvement…

Un sursaut d'orgueil peut-être, la volonté de prouver à la Tyrie que les Trappistes pouvaient de temps en temps prendre des problèmes à bras le corps et tenter de se débrouiller. La nécromante avait déversé son torrent d'invectives, et s'en retourna satisfaite de son effet. Il fallait bien le reconnaître, elle lui avait cloué le bec. Entre le nouveau Maître de Guilde Trappiste et la furie investigatrice, ce n'était pas la meilleure partie de sa vie en ce moment…

"C'est un peu facile de s'en prendre à un vieillard derrière des barreaux" pensa-t-il. "Mais je te jure que tout ceci n'est pas fini Sambre… on se retrouvera, je t'en fait le serment, on se retrouvera et je ne serais pas comme un petit chien dans sa niche, crois moi…" marmonna-t-il dans sa barbe naissante.

Je sortis du cachot, furieuse, précédée par deux gardes immenses. Mon pouvoir m’avait vraisemblablement fait faux bond. Je n’avais vu arriver personne. A quoi me servait mon nouveau talent s’il ne fonctionnait pas correctement ? Ou était-ce moi qui, parfois, avait trop confiance en ma magie ?
Je stoppais net dans le couloir, essayant de contrôler la rage et la pointe d’humiliation que je sentais enfler en moi. Je fis volte face pour me retrouver nez à nez avec un Yarblek, visiblement indigné. Ce que j’avais du mal à comprendre, puisque l’offensé dans ce cas précis, c’était moi.
- Evitons toute sauvagerie, Monsieur le Barbare, déclarais-je avec arrogance. Et ne me faites pas croire que vous êtes ignorant de ma personne. Les Trappistes, les Colporteurs et les Telluriques ont signé un ordre officiel me donnant droit à une totale impunité sur l’enquête. Si aujourd’hui vous n’avez plus besoin de mes services pour découvrir qui en veut à votre ambassadrice, il faudrait peut être m’en informer au préalable. J’ai d’autres obligations qui m’attendent ailleurs. Je vous rappelle que je ne suis pas payée pour cette affaire, et qu’à l’heure actuelle vous me faites perdre mon temps et mon argent.
Je me tus, le temps de reprendre mon souffle.
- Concernant le procès de Traz la procédure est en cours. Mon rapport a été envoyé au Général de la Garde Judiciaire et comme de bien entendu je déférerai le rôdeur quand nous aurons la date définitive de l’audience. Je pratique la justice Tyrienne depuis plus longtemps que vous il me semble. Je ne vous dis pas comment encocher une flêche, ne me dites pas comment faire mon métier. A présent j’ai besoin de voir l’Inquisiteur. Alors avec ou sans vous, si je suis toujours établie dans mes fonctions, j’ai l’obligation de l’interroger. Si vous voulez que les choses avancent diligemment laissez moi faire, sinon débrouillez vous tout seul dans tout ce fatras.
Agacée, je sortis de ma poche arrière un copie du dit contrat qui me liait inévitablement aux Trappistes. J’avais toujours été bien inspirée de le garder sur moi. Je savais malheureusement qu’on viendrait me chercher pour réclamer une quelconque justification. Rendre service, ne signifiait pas qu’on s’en souvienne en retour.
Je lui posais de force les feuillets parafés sur le torse. Il eut juste le temps de les rattraper avant qu’ils ne tombent à terre et de les parcourir rapidement.
Les mains sur les hanches, le menton relevé en signe de défi, j’attendais son objection.

Yarblek n’était pas le moins du monde impressionné par la nécromante et ses grands airs. Un petit sourire se dessina au coin de ses lèvres.

« Ecoute, cocotte… Déjà, moi, je ne me bats pas à l’arc, je laisse ça à Kaede. Moi, je combats avec un marteau, et je me ferai un plaisir de te le présenter un de ces quatre si tu continues à entrer dans l’abbaye comme si tu étais chez toi !
Ton papier était peut être valable du temps de Bernardo, mais maintenant qu’il croupit dans une geôle, tu peux te le mettre là où je pense ! La moindre des choses aurait été que tu te présentes dès ton arrivée et de vérifier que tes traités avaient toujours cours… Là, peut être, tu aurais pu discuter tranquillement avec Bernardo. Comme je suis dans un bon jour, je te propose un marché : je te laisse rentrer chez toi, mais la prochaine fois que tu mets les pieds ici, tu me feras le plaisir de te présenter d’abord auprès de notre magnifique ambassadrice pour lui demander l’autorisation de fouler le sol de notre abbaye. »

Yarblek fit alors volte face et commença à s’éloigner de Sambre. Quand soudain il se tourna a nouveau vers elle et lui lâcha :
«Au fait, quand tu as parlé de l’ambassadrice, tu voulais peut être parler de Maelin, notre ancienne chef ? »

J’avais capitulé. J’avais bien hésité un moment sur l’attitude à adopter. Lui fracasser son maudit marteau sur la tête ou éclater de rire devant tant d’idiotie égoïste. J’aurai aussi pu lui expliquer gentiment qu’un tel contrat engageait avant tout la guilde, indépendamment du maître et que malheureusement pour lui il ne pouvait au regard de la loi, rompre à sa guise ce protocole sans un fort dédommagement de leur part. J’aurai pu me battre pour garder l’enquête. Mais à quoi bon ? Lutter pour une affaire non rémunérée ? Chercher querelle pour une simple question d’ego ? L’attitude revêche et implacable du rôdeur ne faisait que renforcer mes soupçons, mais l’idée soudaine de prendre des vacances m’apaisa. Il y avait longtemps que je n’avais pas pris de repos. Longtemps que je ne m’étais pas recentrée sur moi-même. Cela me permettrait par la même occasion, de tenir Traz à l’œil le temps de l’audience.
Je remontais lentement vers la surface. On disait que le chemin vers la sagesse était long. Je pressentais que celui de Yarblek serait manifestement interminable.
Mon escorte s’arrêta en haut des marches, se postant de part et d’autres de la porte, empêchant quiconque de descendre vers les cachots. Je traversais donc seule la cours désormais déserte.
Lors de ma première visite, l’endroit à l’époque était bien plus joyeux. On entendait les rires, le bruit des verres se cognant, les chants s’élevant de la taverne, les conversations grivoises. Les moines souriaient, couraient, s’affairaient. Aujourd’hui, même le ciel était gris et triste. Je ne ressentais qu’un immense vide, le même sentiment étrange que lorsque je fouillais un corps sans vie. En me concentrant suffisamment, je voyais les âmes de chacun, et j’étais peinée pour celle qui reposait pâlie dans une chambre à l’étage de la grande bâtisse. Pauvre flamme terne virant au sombre, s’accrochant désespéramment à son enveloppe charnelle. Je la voyais résister, combattre la mort par sa propre force de volonté. Le fil tenu qui la gardait chez les vivants ne cessait d’osciller, risquant de se briser à tout instant. Avait-elle été victime de l’attraction qu’exerçait le pouvoir et l’autorité ? Beaucoup de gens tuait pour avoir un semblant de puissance et de domination. Pour preuve l’Inquisiteur, qui grisé par sa supériorité s’était cru capable d’éliminer impunément certains gênants de son entourage. Et la petite ambassadrice aussi ?
Je fis le vide dans ma tête. Il n’était plus question que j’y pense puisque j’y avais renoncé.
J’arrivais en vu du ponton lorsque j’aperçus Joan GrandGosier sur le seuil de sa taverne. Un chiffon à la main, il me fixait par delà la distance qui nous séparait. Je le vis hésiter, grommeler puis tourner les talons. Avais-je bien vu son signe de tête, m’invitant à le suivre ?

Kaede le força à s’asseoir sur le lit, s’assit derrière lui et commença à lui masser les épaules, pour calmer le feu qui semblait couver en Yarblek.

« Tu t’inquiète toujours beaucoup trop pour moi… Je suis une grande fille, je m’en suis toujours sortie avant de te rencontrer, je m’en sortirai encore aujourd’hui, n’aie crainte… »

*sourit*

« Et puis peut être que si tu étais moins… *cherche ses mots* … brut de décoffrage, les choses passeraient toutes seules… Laisse moi faire mon travail d’ambassadrice, laisse moi m’occuper de la diplomatie. J’expliquerai aux autres guildes les règles que l’on entend désormais appliquer à l’abbaye, pour assurer la sécurité de ses murs. »

L'aurore apparaissait enfin, signifiant ainsi la mort annoncée des ombres nocturnes et des cauchemars. Loin par dessus les contreforts déchiquetés des montagnes inhospitalières, l'astre solaire irradiait ses premiers rayons meurtriers, embrasant le ciel et faisant saigner les nuages dans une funeste représentation écarlate.

Au pied des collines, dans des sous-bois macabres, une fine brume persistait, distillant ses filaments vaporeux semblables au toucher glacial d'un spectre. L'humus qui tapissait le sol était jonché de brindilles et de branches enchevetrées, restes silencieux témoignant de l'éphémère existence d'infortunés végétaux.

En un point, l'humus se retourna sur lui-même, et la terre vomit ses propres entrailles dans une gerbe de terre et de poussière. Une main en surgit, griffant et grattant désespérément ce qui avait le malheur de passer à sa portée. Très vite, une tête, puis un corps lui succédèrent... Ensanglantée, meurtrie, écorchée, la créature se traîna misérablement dans la boue, rampant comme un asticot dépecé vif, avant de se laisser tomber. Elle resta immobile, et plus rien ne pouvait venir la distinguer d'un cadavre humain fraîchement lacéré.

Un loup charognard s'approcha, attiré par l'odeur douceâtre du sang. D'abord circonspect, il s'enhardit, pour son plus grand malheur, au point de venir à portée des griffes de la mort... L'homme lui sauta à la gorge, et de ses ongles acérés et de ses dents, il lui déchiqueta la gorge et le ventre. Les hurlements du loup saluèrent sa propre mise à mort, tels un hymne funéraire.

Plongeant les deux mains dans le sang, les paumes à plat, l'homme aspira la force vive dans une lueur mordorée. Ses blessures se refermèrent, mais sa respiration demeurait étrangement sifflante, et sa voix se fit rauque à ses oreilles...

"Pourquoi... pourquoi continuer... à vivre..."

Désespéré, brisé, le nécromancien demeura longtemps sur le ventre, le visage enfoui dans le ventre à vif de l'animal.

"Trahison... Mensonge... Mort... Je n'ai... pas dit... mon dernier mot..."

Se dressant sur les coudes, l'humain écouta les bruits de la forêt. Il entendait déjà les cris de frustration de son agresseur sourdre au travers de la terre, depuis la caverne où sa victime avait pensé trouver refuge.

Se relevant, à moitié titubant, le nécromancien entama la remontée du vallon. La flamme dans ses yeux ne vacillait pas. Il ne dévierait plus de son objectif. Et plus personne ne se tiendrait sur sa route... En tout cas, personne qui pourrait espérer y survivre.

Kaede revenait d'une expédition au donjon de chef tonnerre, et courait en direction de l'abbaye, aussi vite que ses jambes de rodeuse pouvaient la mener....

Arrivée devant la porte de leur chambre, elle abaissa la poignée d'une main tremblante

"Faites que.... faites que je n'arrive pas trop tard....."

Mais, voyant le vide régnant dans la chambre, elle s'effondra à genoux, et frappa le sol du plat de la main. Elle ne put retenir davantage les larmes qu'elle gardait enfouies depuis tant de jours...

"Pourquoi tu m'as fait ça? Pourquoi tu es parti sans me dire au revoir?"

Elle laissa échapper un juron, avant de se relever...
C'est à ce moment là qu'elle vit la lettre, posée sur la table. Elle s'en approcha, puis s'en saisit, s'assit sur le rebord du lit, et commenca à lire.

Yarblek a écrit:

Ma belle,

Désolé de partir comme ça, mais je hais les au revoirs. Je ne pars que quelques semaines, tu verras ça passera vite, je rentrerai bientôt...

Je te laisse l'abbaye, je sais que je peux te faire confiance, et même si je m'inquiète pour toi, je sais que tu feras au mieux.

Ne sois pas triste, je suis pressé de te revoir, je t'écrirai dès que possible...

Je penserai à toi, et compterai chaque minute qui me rapproche du moment où je te retrouverai.

Elle soupira, et pleura de longues minutes.

"Reviens vite, je n'ai pas les épaules pour cette responsabilité, sans toi je ne suis rien."

Puis elle prit une profonde inspiration, se releva, plia la lettre, la rangea dans son sac, sortit de la chambre, et sans répondre aux moines qu'elle croisa, prit le chemin du hall des Colporteurs d'Ascalon...

Naxor faisait les cents pas dans sa demeure, piétinant les cadavres de chats sans ménagement, il se frappait la tête pour chasser la voix qui lui parlaient sans cesse

*Voix*: Rends toi au temple de balthazar...Une fois là bas....Trouve une dent de dragon...de dragon...

Raaaaa ! Cette voix ! Si forte mais si silencieuse ! Tellement puissante mais invisible ! Pourquoi tourmenter ainsi le pauvre Naxor !? Pourquoi !?
Ils se liguent contre moi ! Maudits canards ! C'est injuste ! Injuste !!

Il frappa de plus en plus fort sa tête, afin de chasser cette voix insidueuse qui lui tourmentait l'esprit.

*Voix*: Rends toi au temple de Balthazar.....

Je n'irai pas ! Vous n'aurez rien ! Nada ! Pourquoi moi, le grand Naxor, m'abaisserais-je à servir une voix qui m'explose le crâne ? C'est décidé, je ne bougerai pas d'ici ! Et j'y suis déterminé !

Quelques jours plus tard, Naxor se retrouvait devant le temple de Balthazar.

...
VOUS AVEZ UN PROBLEME !?

Il agressa ainsi les 3 membres de son groupe, croyant qu'ils se moquaient de lui et de sa détermination quelque peu faible. Le groupe était composé d'Afnar le guerrier et de deux autres aventuriers que Eowadra avait prétés à sa demande. Curieusement, les deux aventuriers n'appartenaient pas aux Colporteurs, Naxor crut reconnaitre la cape de ces pompeux "Moines Trappistes" et celle des "Frères du Royaume Tellurique". Pourquoi étaient ils là ? Naxor s'en fichait royalement. Tout ce qui l'interraissait était de faire taire cette fichue voix.

Bon...Voici le plan ! Trouvons un dragon, tuons le et prenons lui sa dent !

*Afnar*: Un plan à tout épreuve...

Ils ne mirent pas pas longtemps à trouver des traces qui prouvaient qu'un dragon vivait non loin ; au bout d'une heure, ils se retrouvèrent devant une immense grotte, son entrée gargantuesque était juchée de cadavres calcinés appartenant à différentes races. Quand ils s'approchèrent, un râle monstrueux se fit entendre. Naxor se raidit.

Euh...D'accord...Oh ! Je viens de me rappeler qu'une terrible malédiction pèse sur ma famille depuis des générations ! Dès que nous pénétrons dans une grotte, une terrible malédiction s'abat sur nous. Donc, je ne peux vous accompagner...

*Afnar*: Naxor...Vous et moi savons très bien que cela est faux. N'oubliez pas que nous sommes ici pour vous aider. Pas pour nous faire tuer. Donc si il faut pénétrer dans cette grotte ce sera tous ensemble. De plus, il y a peut être à l'intérieur un moyen de mettre fin à vos tourments...

Oh ça va ! J'irai ! Mais ne venez pas vous plaindre si j'explose en entrant !

Les quatre compagnons pénétrèrent armes aux poings dans la vaste grotte. Et c'est là qu'avec surprise, ils découvrirent un dragon...agonisant.

Mais...qu'est ce qu'il a ?

*Un des aventuriers prit la parole*: Hum...A vu d'oeil, ce dragon est très très vieux. Et ses blessures faites par un rival n'arrangent rien...Il va bientôt mourir.

Naxor apprenant la nouvelle s'enhardit et approcha la bête

Alors c'est ça un dragon ? Peuh ! Je m'attendais à mieux !

Il se mit à lui donner des petits coup de pieds. Soudain la bête hurla tellement fort qu'elle fit tomber Naxor sur son séant. Puis plus rien...

*Afnar*: Le dragon est mort.

Naxor, entendant la nouvelle, se relèva rapidement et se mit à brailler les poings sur les hanches

Haha....HAHAHAHAHA !!!! Vous avez vu ? J'ai terrassé si facilement ce dragon ! Mais c'est normal ! Je suis du bois dont on fait les héros ! Ne soyez pas jaloux...Enfin il y a de quoi, je l'admets...

*Afnar et les deux aventuriers*: ...

Quand Naxor se rapprocha de la dépouille, la voix se fit de plus en plus forte.

*Voix*: La dent....la dent.....Prends la dent...

Arg ! Cette voix va me tuer ! Vite une épée !

L'un des aventuriers la lui passant, le nécromant après quelques difficultés retira la dent et la mit dans son sac.

*Voix*: La dent...La de....

Aahhh enfin ! Cette voix à disparu ! Quelle aventure ! Heureusement que j'étais là...Bon partons ! Je suis las après tant d'exploits.

Quelques semaines plus tard, Naxor ayant tout oublié de l'histoire se retrouvait au bar ou il s'était mit en tête de faire goûter un chat à Aria. Lorsque celui-ci chercha la dépouille du félin dans son sac, il fit tomber la dent de dragon devant une Eowadra aux yeux ébahis...

Eowadra ramassa prestement la dent, fermant le poing pour cacher ce qu'elle venait de ramasser. De son plus beau sourire elle regarda Naxor.

- Naxor j'ai toujours pas certain livres de comptes... c'est pas que je les attende, et que je me ferais une joie de les lire, mais semblerait que là tâche de me mettre à la paperasse m'incombe maintenant.

Naxor ne dit mot, il regardait fixement la main de son interlocutrice qui lui avait volé quelquechose. Il la vît se détourner, faire un signe de tête à Thaoth et sortir le guerrier sur ses talons. Eowadra resta quelques minutes silencieuse, elle finit par prendre la parole tout en fouillant dans la doublure de sa jupe.

- Thaoth je vais te donner quelquechose, je veux que tu le remettes aux moines trappistes, c'est un des ingrédients.

Elle réussi enfin à défaire un lien attaché à sa taille et une bourse de tissu fin tomba dans sa main. Elle l'ouvrit, en extirpa le rubis qu'elle contenait et y mis la dent avant de la tendre à Thaoth.

- Je compte sur toi !

Elle lui fît un grand sourire, voyant qu'il la regardait bizarrement, elle se rendait compte qu'elle avait toujours le rubis en main, ne sachant pas où le mettre, elle n'avait plus de poche, elle le glissa dans son decolleté avec un haussement d'épaule.

- Une vieille habitude ça m'a plusieurs fois sorti des ennuis d'avoir de quoi monnayer certaines choses.

Elle partit, mais thaoth avait déjà prit les choses en main, et allait remplir sa mission.