[RP] Chapitre II : Les Guides

Le moine ayant accueilli Shérazade, l'a installée dans un salon et lui a donné quelques mets afin de la faire patienter pour sa rencontre avec l'ambassadrice ou le chef de la guilde.
Alors qu'il partait à la recherche d'un de ses supérieurs, il croisa un autre moine menant les disciples à la bibliothèque. Celui-ci l'entraina avec eux sans lui demander son avis.

Shérazade, confortablement installée, entendit soudain des bruits d'agitation résonnant dans l'abbaye. Elle se leva brusquement de son fauteuil et prit bien en main son baton qu'elle avait posé à coté de la fenêtre.
En regardant dehors, l'ambassadrice remarqua que les portes étaient fermées. Elle se dit alors pour elle même.

"Eos avait raison, j'ai intérêt à rester sur mes gardes."

Elle pensa un instant à tous les guerriers qui allaient certainement sortir leur superbe armure de guerre, avant de se reprendre et de sortir de la salle pour se diriger vers la chambre de Maelin.

Il n'y avait aucun doute, aucune mauvaise interprétation possible du geste de Joan, il l'avait serré dans ses bras et lui avait laissé la porte ouverte en signe d'adieu. Il ne considérait pas ceci comme une fuite, mais comme un au revoir, presque un rendez-vous à venir avec son ancien novice. Il n'avait prononcé mot depuis son départ de l'abbaye, si ce n'est pour remercier Shana de l'aider à marcher dans l'ombre tout en s'éloignant du domaine Trappiste. Passer tant de temps dans une geôle humide et froide était loin d'être indiqué pour une personne de son age, ses rhumatismes s'étaient réveillés et sans l'appui de la guerrière il n'aurait parcouru guère plus de quelques mètres…

"Passons par l'endroit où je retrouvais le rôdeur, il y'a un moyen de sortir par les fourrés alentours… c'est par là qu'il rentrait… Le pauvre… qu'ai-je fais de lui…" marmonnait-il en suivant son guide muet qui frayait pour lui un passage dans les buissons.

Le brouhaha de l'agitation au sein du domaine parvenait jusqu'ici, et ils savaient qu'il fallait se hâter de quitter les lieux. Aux sons des cloches et alarmes, Bernardo comprit que le commando de rôdeur était sorti de sa torpeur. Les Dards étaient sur le pied de guerre… Il avait échoué, un conflit était déclaré. Il suivit Shana dans l'ombre à proximité des remparts, la liberté était à portée de main…

La guerrière ne pu réagir autrement qu'en rattrapant le corps dégingandé qui lui tombait dans les bras. Il respirait encore mais ses forces, déjà faibles s'étaient envolées instantanément. Il tentait de murmurer, en vain. La noirceur de son regard se posa l'espace d'un instant sur le danseur et son autruche, mais les râles de l'inquisiteur lui rappelèrent l'urgence de la situation. Elle le sorti de cette maudite abbaye, atteignant les bois avec une facilité déconcertante malgré le handicap qu'occasionnait cette charge supplémentaire. Elle s'arrêta pour l'asseoir dans l'herbe d'une petite clairière, il ne respirait plus que par intermittence.

"Ma petite… ma chère petite… Je m'excuse de ce qu'ils t'ont fait subir… Je n'ai pas eu le courage d'intervenir… Les flammes qui t'ont emportée ont détruit tant de vies… tout est de ma faute… j'aurais du intervenir… pardonne moi, ma très chère petite" délirait-il regardant Shana penchée sur lui.

"Je n'ai pu sauver non plus ce que tu avais commencé à construire… Il a perdu la raison… peut-être que moi aussi… Je l'ai vu sombrer… j'ai essayer de sauver l'enfant… j'ai éloigné l'enfant… cela à tout empiré… pardonne moi..." il caressa le visage de la guerrière d'un revers de la main.

"Tu es tout son portrait discrète Shana… je vais pouvoir lui faire mes excuses bientôt… je pars la rejoindre… elle me manque… ma chère très chère petite fille…"

Shana posa le corps en l'adossant contre un arbre, l'inquisiteur semblait dormir et on aurait pu n'y voir qu'un vieillard se reposant à l'ombre d'un arbre. Elle défit la lanière de sa ceinture, extirpa sa hache qu'elle n'avait pas eu le temps de sortir un peu plus tôt et la posa sur les genoux du vieil homme. Elle n'avait nullement fais cas du sang qui lui maculait mains et poignets. Elle défit ses bracelets de force et les jeta plus loin. Un dernier regard pour l'ancien inquisiteur, elle tourna le dos pour se fondre dans les ombres du bois. Ses traces se perdirent un peu plus loin, ne menant nulle part…

La présence était bien la mais pourtant aucun ennemis n'était visible. Les quelques touffes d'herbes qui bougait ne laissait apercevoir aucun humains armés jusqu'aux dents près a l'assaut.

Dans un silence lourd de sens les gardes attendaient le moment fatidique ou l'attaque serait donner. Les animaux qui laissaient libre court à leur vie d'habitude autour de l'abaye n'osaient plus faire de bruit.
Les rodeurs eux, plus près du tumulte sentaient une horible odeur de cadavre tout autour d'eux.

Au abords du port l'eau elle aussi se figait. Les remous continuels de l'eau s'étaient arrêter pour laisser place a une étendue calme.
Les marins encore en factions s'inquietèrent du phénomène. C'est comme si un bourbier au fond de l'eau empechait les courrants marin de se déployer disaient ils.

Les mages et personnes senssible du royaume eux sentaient une energie noire recouvrir petit a petit tout le tour de l'abaye. Rien de maléfique mais juste répugnant. Il était impossible d'en distinger la source tellement ce qui se tramait aux alentours était présent et nombreux. Les yeux rivés sur l'exterieur les moines sentaient ces efluves magiques dégoutantes. C'est comme si la mort frappait à la porte lachait un d'entre eux.

Au loin un énorme nuage noir s'amoncelait hors de la portée des flèches et sort. Puis il se mis a entamer un mouvement continuel autour de l'abaye tel un oiseau de proie.

Les élements étaient en place et la tenssion semblait monter petit à petit. Mais pourtant rien n'arriva....

Ce fut plus fort que moi mais la curiosité l’emporta. Je revins sur mes pas, un brin hésitante sur l’attitude à adopter. Je savais que j’aurai dû m’abstenir. Je savais que j’aurai dû m’enfuir sans me retourner. A l’instant même où il révéla que son frère était toujours en vie, je su que mes vacances tant espérées étaient compromises. J’avais enfin la réponse évidente à la carence inquiétante de mon pouvoir de réanimation. J’appelais les âmes des morts, pas celles des vivants.
De rage, je cognais le poing contre le chambranle.
- Mais parle donc, vieille raclure, au lieu de faire des sous-entendus !
Mais Skecyl ne réagit même pas à ma harangue. Sa peau terne et craquelée, d’ordinaire si sombre, prit étrangement un ton plus clair. Plongé dans son hébétude, je le vis manipuler distraitement une petite figurine en obsidienne. Si ce n’est le mouvement de ses doigts et l’éclat lumineux de ses pupilles, je n’aurai pu le différencier d’un cadavre engoncé dans une armure.
Je m’avançais dans la pièce, sans laisser le temps à Mirhandil de réagir. La colère et la fatigue m’aveuglaient et je me campais face à l’immonde créature, toute prudence envolée. Je fronçais soudain les sourcils. La statuette ressemblait traits pour traits à celle qu’il avait déposé un jour dans ma chambre chez les Trappistes… Comme le petit Poucet, il semait donc ses cailloux ?
- Qu’est ce que c’est que cette histoire de fin du monde ? répétais-je grinçante
- Ceux qui étaient morts... Reviennent... Et ils vont réclamer... leur tribut... Une offrande de sang et de mort... La désolation... La guerre... La pensée de Syak me parvient... Elle est dominée par la rage, la douleur, l'impatience... Il n'a qu'une idée en tête: parvenir à cette jeune fille innocente.... Et je sens que seul un immense malheur pourra en résulter.... Il faut... l'empêcher....
- Qu’est ce que vous proposez ? Entrer en force chez les Trappistes pour leur dire que vous avez un lien télépathique avec votre frère ? Qu’il est sur leur île et qu’il veut tuer Maelin ? Ils viennent de m’expulser sans plus de manière ! Ils ont cassé un contrat en bonne et due forme sans se demander s’ils étaient dans leur droit ! Ils ne vont faire qu’une bouchée de vous !
- Je ne peux croire qu’il veuille du mal à cette enfant ! coupa Mirhandil en se redressant.
J’eus un rire cinglant.
- Il a trompé tout son petit monde en se faisant passer pour mort, et tu ne peux croire qu’il veuille faire le mal ? Tu es allé jusqu’en Outre Monde pour le retrouver et lui n’a même pas cherché à te rassurer ! Et tu appelles ça un ami ? Mais ouvre donc les yeux !
Je sentais un vent de colère souffler en moi. Je détestais qu’on se paye ma tête.
- Si vous voulez vous faire recevoir, très bien, allez-y. Mais comptez pas sur moi pour vous accompagner.
Je tournais les talons, me rendant compte à l’instant même que Skecyl avait tout bonnement disparu pendant notre entretien. Je haussais les épaules tandis que Mirhandil me criait :
- Tu laisses tomber donc ?
Dans d’autres circonstances, je lui aurai certainement sauté dessus pour lui faire ravaler ses paroles. Je n’étais pas quelqu’un de craintif qui abandonnait au premier obstacle venu. Mais son allusion présente avait juste pour effet de me faire réagir.
- Tu as des gens, répliquais-je sans me retourner, c’est maintenant le problème de ta guilde ! Je ne travaille plus sur cette affaire.
Je fulminais toujours en arrivant au bateau et j’hurlais presque sur le pauvre marin pour lui donner la destination du Désert de Cristal.
Quelque chose me dérangeait terriblement. Mais j’étais incapable de mettre le doigt dessus.

Non ma belle, je ne suis pas forcément d'accord avec toi sur ce point précis. Je t'accorde volontiers que l'île n'est pas bien vaste, c'est un fait, mais tu dois tout de même concéder que l'environnement est nettement plus reposant que Sardelac.
Comment ça ?
Retourner sur le contient ?
Mais tu n'y penses pas, on risquerait de… enfin on est ici justement parce que… bref y'a forcément une raison si on est ici, pourquoi partir ?
Ha non arrête de me houspiller avec la taille des lièvres de Beetletun, on est ici pour une obscure raison dont je ne me souviens pas, mais elle doit sûrement être valable !!!
Puis la petite nerveuse est d'agréable compagnie malgré son caractère, elle me rappelle tant de choses… Ha s'il te plait ma grande, ne joues pas ta jalouse avec cette moue déconfite, tu sais que je t'aime, viens là… T'aimes ça hein, juste là derrière les oreilles… Tu vois je préfère nettement t'entendre ronronner que ronchonner.

Mais tu trembles… Tu as froid ? Peur ?
Holà, par Mélandru mais qu'est-ce que c'est que ce truc ???
Ha merci du renseignement Oona, je vois bien que c'est un fantôme, ou une sorte d'esprit, mais pourquoi il apparaît ici on était tranquille diantre !
Mais, mais il se dirige vers nous !!!
Comment ça que j'aille voir ce qu'il veut ? Et toi tu vas où ? Hein ? Chercher un lapin, tu crois que c'est le moment !!! Quelle trouillarde tu fais ma vieille… Bon j'y vais…

Bernardo ?
Quelle idée de vous déguiser en fantôme, vous m'avez fait peur !
Comment ça mort ? Quand ? Pour longtemps ?
Ha bon… c'est définitif alors… Et c'est douloureux ?
Mais pourquoi ne peut-elle m'apporter ce message elle-même… pourquoi vous pouvez communiquer et pas elle ?
Ha… je comprends oui, ce n'est pas la peine de me parler comme à un enfant de 5 ans tout de même, je ne suis pas idiot !!!
J'ai toujours su qu'elle ne vous en voulait pas, tout est de ma faute… J'aurais du intervenir, nous aurions du… Elle ne m'en veut pas ? C'est vrai ? Elle m'aime toujours ? Que je retrouve le petit ?

Merci Bernardo, merci de tout mon cœur… Que votre repos éternel soit le plus doux possible, et veillez bien sur elle là bas, je vous fais confiance… Je vous rejoindrais un jour prochain !
Ha te voila toi sale bête, coïncidence que tu ne réapparaisse qu'une fois qu'il ait disparu non ?
Allez, viens me faire un gros câlin ma douce, non je ne suis pas triste ne t'inquiète pas de ces quelques larmes, au contraire je suis heureux, vraiment heureux depuis bien des années…

Mais tu as raison, il va falloir quitter cette île…

L'oiseau se reposa sur une branche basse, non loin de son point de départ... Un chat passant par la se glissa à pas feutrés dans le dos du volatile insouciant ... la scene ne dura qu'une fraction de seconde, et le pauvre emplumé ne fut plus de ce monde. Le chat avait pris 100 grammes et quelques bout de papier dans l'estomac ...


Parfois les choses les plus anodines ont des conséquences graves...




[HRP] Les aléas du RP ... Ca aurait été trop simple ^^ [/HRP]

Eos et Timo, s’avançaient discrètement dans la nuit, se frayant un chemin entre les arbres touffus de la forêt. Grouiko, le phacochère d’Eos les accompagnait.
Lorsque l’abbaye fut en vue de loin, Eos grimpa dans un arbre pour voir ce qui s’y passait. Sans le savoir, la rôdeuse était sur le même arbre qu’Eirin quand celle-ci était venue à l’abbaye avec Xyu Hong, il y a quelques mois. En s’aggripant à une branche, Eos fit ricocher quelque chose sur l’épaule de timo, qui était resté au sol, puis ce quelque chose tomba a terre. Timo se fit une frayeur mais de courte durée. Il concentra un minimum d’énergie pour faire apparaître un éclat de feu afin de voir ce qu’était cet objet qui lui était tombé dessus. Un oiseau mort avec un morceau de papier à moitié déchiré. Timo lu à voix haute ce qui était encore lisible, pendant qu’Eos redescendait de son perchoir.

« Shana… Colporteurs …guerre … abbaye »

« On ne comprend rien à ce message ! Mais ça parle des Colporteurs d’Ascalon on dirait, et d’une guerre à l’abbaye ? Tu as vu quelque chose d’en haut Eos ?

-Il fait très sombre… Mais je sens plusieurs présences. Et des tensions dans l’air… Je crois que quelque chose de malsain se prépare… On ferait mieux de se dépêcher, je n'ai hélas pas de quoi écrire un autre message à destination des Colporteurs. J'espère que nous trouveront de quoi les prévenir plus tard..»


Les deux Colporteurs avancèrent dans la pénombre. Eos avait expliqué l’existence d’un passage secret par lequel Syakalyl était certainement entré quelques temps auparavant. Ils se mirent à chercher dans la plus grande discrétion.

J’arrivais en vue de mon île à cette heure indue, entre chien et loup, où les ombres s’étirent. Cet instant si intense, où la nuit traîne son manteau d’hermine, dévoilant des silhouettes informes tirées de leur sommeil, révélant les contours des vieux démons revenus à la surface. La mer à l’horizon rougeoyait encore de lueurs pourpres, avalant les derniers reflets de feux que le soleil avait abandonnés en s’endormant.
Je remerciais le passeur d’un billet glissé dans la main. Pas de barque, pas de bateau, pas de moyen de locomotion pour s’enfuir. Je revenais pour un certain temps, décidée à maitriser ma nouvelle faculté. Décidée semble-t-il à me couper du monde. Seule la présence de Traz me mettait mal à l’aise. Si l’envie lui prenait de troubler ma paisible concentration, j’allais devoir renouveler d’efforts pour triompher de ma nécromancie instable.
Je lançais mon pouvoir pour le localiser. Alentours, le paysage se brouilla soudain. Je me dédoublais avec une facilité déconcertante. Mon enveloppe charnelle semblait comme éberluée devant cette insolite magie qui en ce lieu devenait étrangement docile. A une vitesse surprenante je traversais mon île, voyais défiler les murs, les ronces, les ruines, les arbres. Au bout, au loin, la flamme de vie brillait, dansant au centre de la cible. Et plus je me rapprochais, plus elle grandissait, plus elle étincelait. A tendre le bras, elle était tout à coup à portée de moi. Je distinguais le rôdeur, la forme animale d’Oona, l’un penché sur l’autre, sans doute dans l’intention de lui gratouiller les oreilles. A peine les avais-je entraperçu que le lien se brisa net. Je réintégrais brutalement mon corps, titubant presque sous l’effet du coup.
Pendant un instant ma vue s’obscurcit et comme une infirme je fus obligée de m’appuyer aux pierres moussues près de moi. Les sons étaient déformés, ma respiration haletante. Impossible pour moi de reprendre le contrôle de mon corps et de mes sens. Je serrais les poings de rage et de frustration, me rebellant contre cet état de faiblesse passager. Comment me défendre si j’étais si diminuée ?
Je tournais les talons avant d’avoir récupéré la totalité de mes moyens, forçant mes membres récalcitrants à passer à l’action. J’entrais dans la cour, franchissant le porche délabré pour pénétrer dans le seul bâtiment encore debout au milieu des vestiges. En entrant enfin chez moi, j’aurai juré que la fresque intacte de Grenth souriait de toutes ses dents.

La nuit était déjà bien avancée quand je descendis enfin dans la grande salle d’entraînement. Lavée et changée, j’avais revêtu une tenue plus décontractée, pantalon ample noir et débardeur blanc. Tenue que je réservais exclusivement à un usage privée me permettant surtout de travailler des techniques de combat au corps à corps. J’allumais torches, flambeaux, candélabres et autres bougies. La pièce qui à l’origine avait été le réfectoire des enfants de Grenth, était désormais transformée en lieu consacré à la méditation et à la philosophie. Les flammes incendièrent alors les murs, donnant libre court à la danse des ombres. Repoussant l’obscurité, tolérant à la limite un simple jeu de ténébreuses clartés. Elles discernaient la courbe d’une arme, distinguaient la forme d’une hache, dessinaient la périphérie d’un meuble. Si certaines s’amusaient à caresser les lames des épées, d’autres chatoyaient gaiement avec les miroirs.
J'avais eu la chance étant enfant d’étudier avec un professeur de Cantha. Il nous avait appris des procédés, qui pour certains guerriers d’aujourd’hui n’auraient pas son importance. Mais pour moi qui n’avais aucune prédisposition envers Balthazar, son enseignement avait été précieux. Grâce à lui j’avais assimilé des techniques qui en combat rapproché pouvaient être fatales. Je travaillais des gestes, des postures, des mouvements de fond, je découvrais la gestion des distances, de l’équilibre, la coordination des déplacements, de la mobilité.
Au bout d’un moment, avant même qu’on me change d’école de Magie parce que j’étais trop frêle pour devenir un grand guerrier, j’effectuais sans surprise les techniques exécutées au sabre. A présent je peux même me permettre de prétendre sans modestie que je peux pressentir les mouvements, les transitions et les attaques aussi.
Malgré tout, je réalisais bien tard que cette pratique visait également au développement du corps et de l’esprit. Toutes mes attitudes, ma respiration, mon contrôle, venait de la maîtrise de cet art. Ma concentration elle-même s’en ressentait. Canalisée, réfléchie, j’avais une emprise bien plus naturelle sur ma magie. C’était sans doute les seules fois où elle ne me dominait pas.

J’en étais encore à accomplir un enchainement de kata quand un léger bruissement d’ailes m’interpella. Je pris mon temps pour terminer ma gestuelle, pour finaliser un salut à un professeur désormais absent.
En sueur, essoufflée, je m’approchais de la fenêtre, apercevant au dehors les contours faibles d’un volatile. Noir d’ébène sur noir d’ébène, le corbeau n’était visible que par son bec qui se reflétait à la lueur des bougies. J’ouvris le battant tandis que de son œil rond et ténébreux il me fixait. Inquiétant et sinistre, l’oiseau me tendit son cou. Sur une petite étagère à mes cotés je pris quelques graines dans la paume de ma main. Je les lui offris tout en défaisant le rouleau qu’il portait entre ses plumes. Il me picora la main avec sa brutalité d’animal et je le laissais faire, payant mon tribu pour l’avoir fait messager.
Je dépliais le parchemin et le parcouru rapidement des yeux. Un sourire froid flotta sur mes lèvres au moment même où ma magie répondait à l’appel d’une autre magie. Un pouvoir plus primaire, un pouvoir élémentaire. Un pouvoir proche de la terre et de la nature.
Je tournais dos à la porte grande ouverte, apparemment imprudente face au potentiel danger que pouvait représenter mon invité. L’espace d’une seconde, instinctivement, je pris conscience du sabre à portée de main. Mais dans ma maison, chez moi, protégée par Grenth lui-même, devais-je réellement craindre quelque chose ?
- Il apparait que quelqu’un vous cherche, Traz, déclarais-je lentement
Le corbeau s’envola soudain. Ne me laissant pas l’opportunité de répondre à mon informateur.
- Marek… votre fils, semble-t-il.
Je lui fis face. Il m’observait depuis le seuil, hésitant peut être à entrer. Pas de trace d’Oona.
Etrangement, si je sentais son pouvoir de rôdeur, je décelais aussi l’écho de sa folie. Ici et nulle part ailleurs, ma magie détectait son côté sombre avec une acuité inquiétante. Elle s’en délectait presque, coulant de mon propre corps pour ramper jusqu’à lui.