[RP] Chapitre II : Les Guides

* Shérazade suivit ses nouveaux compagnons de route et fut rassurée en remarquant que tout était préparé pour leur sécurité et leur confort, bien qu'elle se doutait un peu qu'il serait précaire. Pour se donner courage et motivation, Shérazade pensa à l'enjeu de la mission, la vie de Maelin Doucelarme, qui ne méritait pas la mort.*

Silver partit en avant accompagné de Kaede, tout aussi pressée de pouvoir enfin venir en aide à sa maîtresse de guilde, et Shérazade suivait un peu en retrait aux côtés de Dread Hult et de son compagnon de guilde, Fëanor.
Les cinq voyageurs se déplacèrent à pied jusqu'au Havre des pêcheurs, et n'eurent aucun mal à venir à bout des lutins de feu qui croisaient leur route. Arrivés au Havre, ils prirent un bateau que Silver avait pris soin de préparer à l’avance, et suite aux conseils de Shérazade, ils décidèrent de faire une halte au hall de guilde des Colporteurs afin qu’ils récupèrent quelques vivres pour le reste du voyage.

Seul Silver resta à bord du bateau, tandis que Fëanor et Shérazade allaient chercher tout le nécessaire, et que Dread et Kaede se dégourdissaient les jambes sur la terre ferme.
Le voyage en mer reprit jusqu’aux Cimesfroides du sud de la Tyrie, où les compagnons ne pouvaient continuer leur chemin qu’à pied.
Silver distribua des capes à ses compagnons afin de se protéger du froid, ils les acceptèrent avec joie et les enfilèrent sur leur dos.
Grâce aux élémentalistes qui composaient le groupe, les cinq voyageurs avaient en plus une protection de feu contre le froid.
Le seul point noir qui venait perturber le voyage apparemment sous contrôle, était les talons aiguille de Shérazade qui s’enfonçaient dans la neige. Elle avait beau s’exaspérer contre la poudreuse qui emprisonnait ses magnifiques chausses, rien n’y faisait. Silver, plein d’attention, lançait alors des sorts de feu à faible puissance afin de faciliter l’envoûteuse dans son avancée.
Arrivés devant des créatures habitant les cimes, les élémentalistes montraient leurs talents dans la maîtrise des éléments, et en particulier ici dans celui du feu. Kaede et Fëanor décochaient des flèches aussi rapides que le vent qui transperçaient leurs ennemis. Shérazade envoûtait les créatures des glaces si bien que dès qu’elles attaquaient, elles subissaient des blessures profondes.

Les voyageurs approchaient de plus en plus du lieu d’habitat du monstre Maw. Silver arrêta donc ses compagnons afin qu’ils prennent une pause. Dread fit remarquer à tous qu’aucun plan d’attaque n’avait été jusqu’à lors mis en place contre cette créature démoniaque.

« En effet, nous sommes tous partis sans préparation, heureusement que Silver, vous vous êtes montrés prévoyants, bien plus que nous, et que les colporteurs ont pu nous fournir quelque nourriture. » commença Kaede, emmitouflée dans sa cape.

La conversation s’engagea alors entre tous les membres de l’équipée sur le meilleur moyen de tuer le monstre. Kaede et Shérazade tremblaient de froid, et désiraient ardemment mettre fin au plus tôt à cet arrêt, les déplacements leur permettant de se réchauffer quelque peu.

Mais bientôt ils reprirent la route, continuant leur ascension en direction de la cachette de Maw. La route fut longue, périlleuse, de nombreux dangers les guettaient, le froid, Sherazade et sa tenue peu adaptée, le sens de l’orientation défaillant de Kaede.

Soudain, Silver s’arrêta net au milieu d’un chemin escarpé, tout près d’un sommet.

« Nous y voila……..nous y sommes……… le but de ce voyage……. bientôt nous rentrerons. »

Maw ne tarda pas à se montrer, énorme guivre féroce, avide de chair fraîche. Kaede réprima un frisson de dégoût, tandis que Sherazade laissait échapper un cri de surprise. Les hommes, quant à eux, étaient prêts à en découdre, et bientôt leurs jeunes compagnes reprirent leurs esprits et se préparèrent à combattre.

Le monstrueux ver des glaces tourna alors sa tête aveugle en direction du groupe. Il ouvrit sa gueule et dévoila ses quelques centaines de dents avant de pousser un cri immonde.

Il y eut un moment d’hésitation général, les compagnons étaient tendus et tous prêts à agir en un clin d’œil, tandis que Maw ne savait qui choisir en premier pour son repas. Il pointa son museau pointu sur chacun et préféra lancer un ultime cri en l’air avant d’aplatir son corps sur la troupe.
Tout le monde esquiva, par ses propres moyens ou non… C’est ainsi que Silver jeta Shérazade sur le coté, et l’envoûteuse pensa immédiatement a défroisser sa robe avant même de s’occuper de la bataille qui avait bel et bien commencé. Elle se concentra ensuite sur le combat qui allait être rude.

Fëanor et Kaede décochèrent quelques flèches qui ricochèrent sur la carapace gelée de la bête.
Les deux élémentalistes connurent un même échec avec leurs simples sorts de jet.
Voyant que la bataille risquait de tourner court, on changea la tactique.

Sherazade utilisa ses plus puissants pouvoirs d’illusion pour accabler Maw de fardeaux physiques et intellectuels.
Kaede utilisa sa rapidité pour attirer la guivre, pendant que Fëanor posait des pièges enflammés sur son trajet. Durant cette manœuvre, Dread et Silver commencèrent l’incantation de leurs meilleurs sorts.
Tout était calculé, il fallait agir très précisément, à défaut de quoi l’expédition serait un échec total.

Shérazade faisait de son mieux pour se battre, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser à l’état de sa tenue, et Silver eut fort à faire, entre la bataille et la robe de l’envoûteuse qu’il cherchait à sauver.
Kaede les observait du coin de l’œil.

« Quand mademoiselle aura fini de se tirer le chignon avec ses histoires de chiffons, on pourra peut être finir, non ? »
Shérazade lui jeta un regard noir et se concentra à nouveau sur l’attaque de la guivre.

Les autres semblaient s’amuser de la relation entre les deux femmes, aux caractères diamétralement opposés.

Le dernier piège fut posé quasiment sous les pieds des mages. A la suite de quoi Fëanor se plaça derrière eux et encocha deux flèches enduites de liquide explosif à son arc. Kaede échappa de justesse à l’attaque que Maw lui asséna en surgissant du sol. La rôdeuse se rua ensuite sur le reste du groupe.
Le monstre, propulsé de tout son corps musculeux dans l’air, retomba avec fracas devant eux. Ayant repris ses esprits très vite, la guivre ouvrit son immense gueule dans le but de rabattre ses mâchoires sur les deux élémentalistes. C’est alors qu’ils lui envoyèrent leurs sorts et que Fëanor fit exploser quelques rangées de dents.

La tête de Maw s’abattit dans la neige, et le piège de sang en fit un gigantesque brasier.


Le soleil dardait haut ses rayons quand Silver eut en main le cœur du monstre.



Les cinq aventuriers improvisés avaient entamé leur long chemin de retour, un périple dont l’issue se solderait par la rémission de Maelin Doucelarme. Silver se montrait de plus en plus agité. Ses précédentes marques d’attention envers Shérazade se raréfièrent, il se faisait plus taciturne, et son humeur se gâtait d’anxiété. Il allait parfois même jusqu’à se montrer impatient et désagréable envers Kaede, et distant envers Dread Hult, qu’il appréciait pourtant. Nuit et jour, Silver conservait religieusement le cœur de Maw dans sa poche, contre son propre cœur. Il refusait catégoriquement de s’en départir, ne serait-ce que quelques instants. Chaque pas parcouru dans la neige sur les hauteurs des Cîmesfroides contribuait un peu plus à son changement d’humeur.
Une nuit, alors que Fëanor se réveilla légèrement en avance pour prendre son tour de garde, il surprit Silver, à genoux devant le cœur de Maw, occupé à saupoudrer par-dessus une poudre scintillante en murmurant des paroles à voix basse. Fëanor se racla la gorge, et l’élémentaliste bondit littéralement sur ses pieds. Reconnaissant Fëanor, il empaqueta vite fait le cœur de Maw en bredouillant quelques excuses, et lui céda la place pour le tour de garde avant d’aller s’allonger en se roulant dans les couvertures.
Fëanor ne fit sur le moment aucune remarque, mais il se dit de penser à rapporter cette étrange scène à ses camarades Colporteurs au retour…

Quelques jours plus tard, l’équipée se tenait au sommet d’un glacier. Au fond de la vallée, on pouvait apercevoir Droknar, et le bateau qui les attendait sur le ponton était prêt à appareiller pour le domaine des Trappistes. Shérazade se déclara impatiente de retrouver le confort de l’auberge ainsi que de voir Maelin sur pied. Fëanor ne dit mot, mais afficha un léger sourire en réponse aux propos de l’envoûteuse. Dread prit une pose théâtrale : « nous accomplissons aujourd’hui un miracle, nous allons contribuer à préserver la paix entre les guildes, et nous allons sauver une jeune innocente… Quelles nobles causes nous venons de servir ! Nous pouvons être fiers de nous ! »
Le regard de Silver se perdit dans le vague, sous l’ombre de sa capuche… Ses souvenirs remontèrent au premier jour où il avait rencontré Maelin… Il tenait enfin la dernière pièce qui lui manquait pour parvenir à ses fins… Maelin allait pouvoir revenir parmi les siens.

(HRP : post fait par les cinq participants si dessus /HRP)

Sur le bateau qui m’emmenait loin de l’île des Moines Trappistes, je me remémorais l’étrange conversation avec Joan.

Assise sur une chaise au milieu des cuisines, j’avais observé avec attention l’homme qui s’affairait aux fourneaux. Il avait les traits tirés et le regard curieusement vide. Les épaules voûtées comme si le poids du monde reposait sur lui, il touillait consciencieusement le délicieux ragoût qui mijotait dans la marmite. Il mettait toute sa concentration au service de sa tache, oubliant presque son entourage. Quelque chose d’imperceptible chez lui déclenchait en moi un trouble plutôt inquiétant. Etait-ce une douleur vive bien particulière que je ressentais ou bien les volatiles effluves d’une puissance endormie ?
- Je suis heureuse de constater que vous parlez parfaitement bien notre langue, déclarais-je pleine d'ironie. Vous maîtrisez donc, notre grammaire à la perfection.
Peut être était-ce juste ça en fin de compte, qui me donnait l’impression étrange de ne pas devoir me fier à ce que je voyais. Cette façon qu’il avait de jouer un rôle qui n’était pas le sien.
La première fois que j’avais vu Joan j’étais dans les appartements de Syakalyl. Il était venu m’annoncer en trois mots dépourvu de phrase, que l’Inquisiteur désirait me voir. Depuis lors, je n’avais guère eu le temps de le recroiser. Il était donc étonnant pour moi de percevoir la vitesse à laquelle il avait appris bien rapidement la syntaxique de notre langage.
Il me jeta un coup d’œil en biais, étonné.
- Ne vous donnez pas cette peine, repris-je en pointant du menton la cuillère en bois qui raclait le faitout. Je n’ai pas faim. Ni soif.
Je lissais mes pantalons tandis qu’il figeait son geste.
- Mais je vous remercie de votre sollicitude, continuais-je d’un ton plus doux. Je n’ai point pris ombrage de cette dénonciation, n’ayez crainte. D’autres ont fait bien pire. Votre guilde est fortement secouée et elle ne sait comment sortir de ce tumulte sans faire de scandale. Obligée de faire des choix, elle commet des erreurs. La jeunesse sans doute, comme vous pensez à le croire…
Je sentais malgré moi le sourire condescendant qui s’affichait sur ma bouche. J’étais plus enclin à penser que le pouvoir octroyait un ego surdimensionné, plutôt qu’une quelconque ferveur due à l’âge.
- Toujours est-il que nos relations ne seront pas entachées de cet affront, si au demeurant vous auriez la nécessité de faire appel à moi dans un futur proche. Sachez que je choisi le travail proposé, et que je ne prend pas forcément le plus rémunéré. Celui ci en l’occurrence était surtout pour rendre service aux Frères du Royaume Tellurique. Il n’était guère rétribué comme vous le savez, mais au contraire, emprunt justement de quelques intérêts personnels. Il va de soi, que si à mon tour j’ai besoin de vos services, je me ferais un plaisir de vous contacter.
Je me redressais, ne voyant pas trop ce que j’aurais pu ajouter de plus. Il était temps désormais que je laisse les Trappistes aux Trappistes.
- Sur ce, je devrais sans doute y aller avant que votre cerbère de chef ne me tombe dessus une fois de plus.
Joan opina de la tête.

Assise face à la table qui me servait de bureau, je finissais de retranscrire scrupuleusement les derniers rebondissements de l’affaire. Dans ma cabine, par le hublot, les derniers rayons du soleil venaient courir après ma plume, jouant sur les ombres de mon écriture illisible. J’étais plutôt assez fière d’avoir mené à bien une discussion officieusement diplomatique. Je pouvais m’endormir satisfaite, alors que le bateau me menait tout droit sur l’île des Frères du Royaume Tellurique.

Tandis que les membres de cette aventure périlleuse, la chasse au guivre, s'apprêtaient à descendre en direction de Droknar Dread les arrêta. Shérazade, Kaede et Fëanor furent surpris de l'annonce de Dread.

"Mes compagnons ici s'arrête ma route. Ce fût un honneur de combat pour cette noble cause à vos cotés."

Dread regarda chacun d'eu en les saluant, puis s'arrêta lorsque qu'il tourna la tête vers Sylver, cherchant à trouver le regard de ce dernier dans l'ombre de son capuchon.

"Et qui sait peut être nous reverrons nous dans des jours meilleurs. Que les Dieux vous gardent et qu'il éclairent votre chemin jusqu'à l'Abbaye."

Le groupe laissa Dread Hult seul au sommet. Il les regarda descendre et lorsque leurs silhouettes ne furent que des petits points à l'horizon il s'écarta du chemin pour trouver un endroit paisible et sûr. Il devait maintenant réfléchir à son destin car celui-ci n'était plus lié aux Prophètes Divins.

Eowadra arriva à la porte de l'abbaye des Moines Trappistes, elle passa à la taverne sachant qui elle trouverait même a cette heure, après tout elle avais besoin d'un guide et surtout quelqu'un qui puisse l'emmener aux cachots. Joan lâcha volontier son torchon qui lui servais a essuyer ses verres pour l'accompagner jusqu'à la cellule de Bernardo, et surtout lui permettre d'y accèder.

Eowadra regarda l'homme d'église au fond de sa cellule lui fît un signe de tête pour se tourner vers un coin sombre.
- Je suis venue t'apporter des nouvelles, puisque tu es coincée ici. Si tu voulais bien m'accompagner dehors pour qu'on puisse discuter.
Une voix sorti du coin sombre :
- Dis le ici
Eowadra poussa un long soupire et repris d'une voix lassée.
- Je sent que je vais encore faire les frais de la conversation, je voulais avoir de tes nouvelles et aussi un peu de l'abbaye. Pour la première je crois que ce n'est pas la peine de creuser, autant essayer de t'arracher une dent. Je vais donc m'eclipser et retourner d'où je viens.
Avant qu'elle ai eu le temps de se retourner pour sortir une secousse la fît tomber sur son séant, la mettant dans une position fort disgracieuse. Une silhouette prit corps dans le sein du coin d'ombre auquel elle s'extirpais.
Eowadra fusilla du regard celle-ci.
-Je deteste quand tu fais ça !
Elle se revela en s'epoustant, agitée d'une vive source d'irritation et regardant Shana, qui lui fesait un demi-sourire. Celle-ci prit la parole, ce qui n'était pas dans ses habitudes.
- Dis moi ce que tu as à dire.
- Rien, entre les gens qui font des cachoteries, ou qui perdent la tête pour je ne sais quel raison, Unen qui part je ne sais où en semant des cadavres j'ai de quoi m'occuper.
Shana regarda Eo fixement quelques instants, hocha la tête défit sa cape et la tendit à Eo.
- Je pense que certains officiers comprendront.
Eo poussa un soupire à fendre l'âme, prit la cape et se retourna. Elle passa devant Joan sans se tourner vers lui et prit la direction de la sortie. Elle mis la main sur le loquet et alors qu'elle poussait la porte on pu entendre une phrase à peine murmurée.
- une page se tourne.
Shana une fois Eo sortis se refondit dans son coin sombre pour y disparaître.

Les rayons cinglants du soleil levant se réfléchissaient à l’infini sur les courants ondulants de l’océan, avant de venir illuminer les montants boisés du bastingage. Là, accoudé, penché vers l’horizon, Syakalyl contemplait, songeur, cette aube nouvelle qui allait enfin apporter quelques satisfactions à ses interminables attentes. Il ne pouvait que reconnaître que la situation devenait complexe et tragique à souhait…

Malgré tout, l’ambassadeur démissionnaire du Royaume Tellurique affichait une tranquille assurance, qui ne manquait pas de laisser penser qu’il était convaincu de tenir le fil susceptible de dénouer l’inextricable écheveau de l’intrigue.

Le thaumaturge replongea brièvement dans ses souvenirs récents… L’orchestration de sa propre mort, à l’initiative des Chevaliers de l’Equinoxe, afin de se soustraire à tout espionnage et afin d’amener les coupables à se trahir, tout en permettant à Sya de rechercher en toute quiétude le dernier ingrédient de la panacée… L’expédition menée incognito, en grand secret, sous le pseudonyme de Silver, dans les Cimesfroides, en quête du cœur ténébreux de Maw, la puissante guivre fétiche de Grenth… Le retour difficile et laborieux, en compagnie de Dread Hult, Sherazade, Kaede et Feanor, au travers des hauteurs enneigées à peine praticables… La brève escale chez les Colporteurs pour y dénicher un contact…

Ah, les Colporteurs…

Les évènements s’étaient tragiquement précipités, chez eux. Sya y avait commencé par apprendre la brutale disparition d’Eirin Azra, présumée morte. Et les rumeurs qui prétendaient que Traz, ce doux dingue de Tellurique, en était le responsable…

L’ex-ambassadeur eut tôt fait de retrouver Natacha Cendrelune, son amie de toujours, qui lui détailla méthodiquement et scrupuleusement ce qu’elle-même avait pu découvrir de son côté. Les pièces du puzzle se mettaient en place, une sombre machination prenait forme, mais sa tournure ne plaisait pas à Sya. Il était plus que temps pour Maelin d’enfin se réveiller.

Un bref entretien discret avec Eowadra, qui lui avait désigné un informateur, et Sya disposait maintenant d’un moyen sûr et rapide pour rejoindre Maelin en toute discrétion. Aussitôt débarqué, il se mettrait à la recherche de cette fameuse entrée secrète, dans les tréfonds de l’abbaye. Après tout, personne n’était plus à l’aise qu’un tellurique dans les passages souterrains…

Tandis que Natacha s’étirait langoureusement sous la caresse du soleil, non loin, Syakalyl serra le poing en souriant.

« Maelin… Notre temps est enfin venu… »

Je poussais la porte sans frapper, certaine de ne trouver personne dans le vaste bureau directoire.
La confrérie était presque déserte. Je n’avais rencontré que les valets de la citadelle qui s’affairaient à récurer, laver et frotter. Pas de trace d’Eluia qui s’obligeait souvent à faire ses tours de garde, ni de Ssxas à la taverne buvant et trinquant, ni même de cette vieille carcasse de Skecyl qui traînait régulièrement ses guêtres dans les couloirs tortueux des catacombes.
A ma grande surprise, je trouvais donc le Seigneur des Telluriques riant seul, devant un pan immense de la bibliothèque. Il sursauta comme pris en faute et fit volte-face. Il toussa pour reprendre contenance, tandis que je l’observais d’un air circonspect :
- Sambre ? Tu es là depuis longtemps ? me demanda-t-il
- Je viens d’arriver, répondis-je lentement sans le quitter des yeux
Comme je continuais de le scruter, immobile, il finit par croiser les mains derrière le dos. Et le silence insistant se fit soudain pesant.
- Quoi ? grogna-t-il enfin
- Je me demandais juste si ton séjour en outre monde ne t’avais pas retourné le cerveau ! Tu es rentré quand ?
- Cette nuit.
Je me déplaçais vers son bureau de ministre et déposais le gros dossier en cuir que je tenais contre moi. La table et le sous-main étaient déserts de papiers, écrits ou autres relevés impliquant la guilde. Ce qui prouvait que sa présence en ce lieu ne requérait guère une affaire pressante du Royaume Tellurique. Lui réclamer une justification, était un temps soit peu éhonté de ma part. Je décidai sagement de rester à ma place.
- Et l’âme de Sya ? repris-je avec ironie, As-tu finalement, réussi à mettre la main dessus ?
- Non.
- J’aurai pu t’éviter ce pèlerinage, si tu me l’avais demandé, répliquais-je en haussant les épaules
Il s’avança vers moi pour jeter un œil à la pochette regorgeant de feuilles manuscrites.
- Pourquoi ?
- Où crois-tu que je vais chercher les âmes des morts pour les ranimer ? répliquais-je agacée. Si tu m’avais laissée le temps de t’expliquer aussi ! Tu as préféré t’enflammer et partir à la conquête des enfers… Et qu’as-tu ramené ? Des clopinettes !
Je lui faisais face, les bras croisés, irritée par un comportement que je qualifiais de puéril. J’allais en rajouter une couche quand je sentis soudain une drôle d’odeur émaner alentours. Et je ne mis pas longtemps pour me rendre compte que les effluves sucrées venaient du rôdeur. Surprise, je me rapprochais de lui, reniflant les arômes suaves d’un parfum féminin. Sans doute mal à l’aise par mon nez flairant pratiquement son cou, il recula si brutalement qu’il vint heurter l’angle du bureau. Il toussota, grimaça, et fit le tour de la table. Il tira la chaise et s’installa, les mains posées sur la pochette :
- Qu’est-ce ? interrogea-t-il curieux.
Il essayait de noyer le poisson, certainement. Mais je n’avais pas encore l’intention de répondre. J’observais autour de moi, aux aguets. Je n’avais croisé personne en venant. Et j’aurai mis ma main à couper qu’une femme était passée par là. J’avançais jusque devant le pan de la bibliothèque où j’avais trouvé Mirhandil en train de rire. J’examinai les livres, le mur, allait à la fenêtre, revint sur mes pas.
- Sambre ? Mais qu’est ce que tu fais ?
Renversé dans son fauteuil, il me fixait, interdit. Devant son attitude, presque inquiète, je me sentis tout à coup ridicule. J’eus un geste de la main comme pour m’excuser, et feignant une certaine nonchalance je me postais devant lui.
- C’est mon rapport sur l’affaire Maelin.
Revenons-en aux faits. J’étais là, à la base pour déposer ce maudit dossier et partir en vacances. Me reposer et me ressourcer. Essayer de comprendre et de maîtriser ma nouvelle faculté. Et même avoir Traz à l’œil le temps de la date du procès. Je n’avais qu’une envie. Rentrer chez moi.
- Si gros ?
Je ne voyais pas où il voulait en venir.
- C’est tout le rapport, Mirha, expliquais-je. Du début à la fin.
- Tu as trouvé le meurtrier ?
- Le meurtrier c’est Traz. Il a assassiné trois personnes. Mais tout est expliqué. Tu n’auras qu’à lire.
- Traz ?
Il parut décontenancé un moment, puis son regard noir s’assombrit dangereusement
- Il a tué Sya aussi ?me demanda-t-il la voix chargée de colère
- Non… pas à ma connaissance en tout cas.
Il parut déçu. La tension dans son corps se dissipa aussitôt, et comme épuisé, il se passa la main devant le visage.
- Et Maelin ? reprit-il dans un chuchotement. Comment va-t-elle ?
Je soupirais.
- Toujours pareil. Ecoute, j’ai été révoquée de cette affaire. J’allais interroger Bernardo Gui quand le nouveau chef des Trappistes m’est tombé dessus. Le contrat est caduc. Ils ne veulent plus que j’enquête. Je te rends compte des derniers faits, vu que c’est toi qui m’a fait mandé auprès de l’Abbaye. Enfin, étant donné que Sya n’est plus là…
Je me tus tandis qu’il restait silencieux. Je ne sais si la nouvelle l’enchanta ou s’il en était contrarié. Rien ne transparaissait dans son attitude quand il ouvrit le rabat et commença à lire.
- Je dois y aller, déclarais-je.
- Où vas-tu ?
Je ne répondis pas.
- Si tu as besoin de moi, fais appel à Aspen. Elle sait comment prendre contact.
Je tournais les talons et me dirigeais vers la sortie.
- Ah au fait, répliquais-je sur le seuil. Si tu me laisses te donner mon avis…
Il releva la tête un instant.
- Ton nouveau parfum est un poil trop féminin à mon goût. Tu devrais penser à en changer !
Ce fut mon rire qui résonna cette fois dans l’immense salle quand je refermais la porte. Je souriais encore de sa mine effarée lorsque je me retrouvais presque nez à nez avec Skecyl. Prise au dépourvu, je reculais rapidement, hors de proximité. Comment faisait-il pour que je ne puisse sentir sa présence ? Pour que son pouvoir ne réponde au mien ?
Vouté, son armure d’or grinçante sur le dos, il ne bougeait pas, immobile comme une statue. Ses petits yeux de fouine me fixaient avec insistance et j’avais la désagréable sensation qu’il fouillait mon âme jusqu’aux recoins les plus oubliés.
- Qu’est-ce qui peut vous faire sourire ainsi, ma chère enfant ? murmura-t-il de sa voix sifflante et éraillée
Des frissons glissèrent le long de mon dos, tandis que j’apercevais l’esquisse d’un sourire narquois sur sa bouche desséchée.
Je savais d’instinct qu’il avait entendu la conversation sans en perdre une miette. Je savais qu’il se délectait de la puissance de sa domination.
Chimère, que de présumer de sa suprématie !
- Occupez vous de vos affaires, répliquais-je acerbe
- C’est ce que je fais… c’est ce que je fais…répondit-il doucement en me regardant partir

Ruminant de sombres imprécations, Skecyl détacha son regard de la nécromancienne.

« Douce enfant, vous devriez rester. Ce que j’ai à dire vous intéresse directement, ce me semble. »

Sans même attendre de réponse, Skecyl pénétra dans le bureau de Mirhandil, en laissant la porte ouverte à destination de la nécromancienne. Après une courbette parfaitement obséquieuse à destination de son révéré seigneur, Skecyl fut pris d’une violente quinte de toux. Du revers de son armure dorée, il essuya le sang sur ses lèvres, envoyant voltiger quelques goutelettes rubicondes sur les précieux tapis du seigneur des lieux. Ce dernier, exaspéré, semblait se demander si l’état du nécromancien pourrait encore empirer… Certains cadavres avaient l’air plus en forme que ce déchet humain…

« Seigneur, j’ai d’importantes révélations à vous faire. Syak, notre crétin d’ambassadeur, est de retour… Et ce monstre veut pénétrer subrepticement dans l’abbaye trappiste. Il vient voir Maelin. Il est sur le point de commettre une atrocité… »

Sentant qu’il avait toute l’attention de son suzerain, Skecyl se détourna. Pour la première fois depuis leur rencontre, Mirhandil crut discerner une lueur de peur dans le regard du nécromancien, qui murmura pour lui-même d’une voix blanche :

« Le monde va basculer… »

Gris… Tout n’est plus que nuances de gris…

Depuis ton « réveil », tu ne vois donc plus qu’en gris ? Comment as-tu pu t’effondrer à ce point ? Regarde toi ! Tu étais autrefois une guerrière talentueuse et renommée, dont les talents et la beauté attiraient tous les jeunes guerriers de toutes les contrées avoisinantes… Tu étais une grande prêtresse, une des favorites de Dwayna, baignée dans sa bienveillante bénédiction… Tu étais une épouse heureuse et comblée…

Et aujourd’hui ? Qu’est-tu devenue ? Une vagabonde… Une âme en peine qui erre dans les bois, ressassant son chagrin, à vivre de chasse et de cueillette…

Pourquoi dissimules-tu toujours tes traits, toi qui en étais si fière ? Aurais-tu honte de ce que tu as fait ? Après tout, y a-t-il vraiment de quoi ? Ils l’avaient tous bien mérité… A t’abandonner, comme ça, entre les mains des Kan, toi qui avait tant fait pour le Royaume Tellurique… Ton époux modèle, à qui ta disparition semble si peu donner du tracas, qu’il s’empresse de t’oublier dans les bras de cette foutue rouquine…

Bah, ta flèche l’a ratée dans l’abbaye, et alors ? A une époque plus lointaine, tu n’aurais jamais raté ta cible. Mais là, tu hésitais, ta main tremblait… Tu n’es pas faite pour tuer de sang-froid. Ou plutôt, tu ne l’étais pas. Les Kan ont tâché de changer cela… Sinon, pourquoi aurais-tu mis le feu à la chambre de Maelin ? Pour abréger ses souffrances ? Hahahahaha, certainement pas… Tu sais ce qu’il en est vraiment… De toute manière, ça ne change rien. Dwayna t’a déchue…

Toi qui autrefois déployait des trésors de dévouement pour soigner et protéger au nom de Dwayna, en sortant des catacombes des Kan, tu n’avais plus qu’une envie, te venger et purifier ta peine par le feu divin du châtiment de Dwayna. Tu t’en es servie contre Maelin… Et Dwayna n’a pas eu l’air d’apprécier, car te voilà privée de tes dons divins…

Tout ça pour quoi ? Pour te venger d’un époux qui a été retrouvé égorgé sur une île éloignée de marchands de pacotille… Tu as tout perdu pour lui… Donc, pour rien…

Et tu crois que c’est en allant te constituer prisonnière que tu vas pouvoir changer les choses ? Après tant d’atrocités, crois-tu vraiment que la rédemption est possible ? Que Dwayna t’ouvrira à nouveau les portes de son cœur ? L’espères-tu vraiment… ou espèrerais-tu plutôt une mort rapide ? N’attendrais-tu pas de ces moines la délivrance, le soulagement de ta souffrance par le néant ?

Il est trop tard pour reculer ou s’interroger… Te voilà devant les portes du domaine. Il ne te reste plus qu’à rassembler le peu de fierté qui te reste, et à faire le dernier pas.

Tiens, ce moine-là fera bien l’affaire.

« Olà, moine… Avertis tes supérieurs… Je m’appelle Lila Lyverlyl, et je suis l’auteur des attentats contre votre chef, Maelin Doucelarme. Je viens me constituer prisonnière.»

Kaede était devant la fenêtre de sa chambre, comptant les jours la séparant encore du retour de Yarblek, quand elle vit une femme accompagnée par un moine de l'abbaye.
La présence de cette inconnue réveilla une sombre intuition dans le for intérieur de l'ambassadrice, et elle se précipita hors de la chambre, non sans avoir pris le soin d'emporter son arc avec elle.

Elle dévala les escaliers, et se posta hors d'haleine devant Lila.
Elle se tourna tout d'abord vers le moine qui la menait.

"Qui emmenes tu ainsi?"

D'une voix faible, le moine lui expliqua ce que Lila venait de lui raconter. Il semblait bouleversé, mais ce n'était rien comparé à l'expression d'indicible horreur qui se dessina sur les traits de la jeune rôdeuse.

"Tu peux retourner à tes occupations, je vais la mener moi même auprès de ceux qui doivent la voir."

Elle saisit vivement le bras de Lila, et lui jeta un regard noir.

"Si ce que tu dis est vrai, tu ne vas pas revoir la lumière du jour avant un long moment, Melandru m'en est témoin."

Elle la mena avec force auprès de Joan.

Le tohu-bohu au dessus de leur tête rompi le silence qui avais empli la cellule depuis le départ de Joan, nul mot n'avait été prononcé, nul geste entammé jusqu'à maintenant. On sentais que certains événements avaient une nouvelle fois secoué l'abbaye.
Un bras sorti d'un coin d'ombre, tira sur la porte déverouillé pour l'ouvrir dans un grincement. Le bras redisparut d'où il était venu, faisant redisparaitre complètement la personne cachée dans l'ombre.
La porte de la cellule était cette fois-ci ouverte en grand.

Kaede était plantée au milieu de la cour devant l'abbaye. Le visage convulsé par la rage, elle se mit à hurler:

"QUE TOUS LES MOINES PRESENTS ICI MEME SE RAMENENT DANS LA COUR! LES EVENEMENTS QUI NOUS ONT SECOUE N'ONT QUE TROP PRIS DE RETARD, IL EST TEMPS QUE CHACUN D'ENTRE NOUS PRENNE SES RESPONSABILITES, ET QUE L'ON METTE FIN A TOUT CECI!!!!"


Se tournant vers Lila, elle la forca d'un geste brusque à se mettre à genoux.

"Si tu oses ne serait-ce qu'hausser la voix, ils auront à peine le temps d'apercevoir ton visage."

Pliant le genou en terre, la guerrière fit un instant mine de se soumettre. En apparence...

Lorsque la rôdeuse, déconcentrée par sa colère, se retourna vers la congrégation trappiste, sans plus prêter attention à sa captive, Lila agrippa d'un geste fulgurant le poignet de Kaede, le plia dans son dos, et tout en se relevant, la projeta face contre terre.

Bien que prise au dépourvu, la trappiste se réceptionna en souplesse pour faire face à l'intruse, prête à répliquer. Mais cette dernière n'avait pas bougé d'un iota. Ses yeux d'un bleu profond exprimaient un froid glacial... Le froid de quelqu'un qui n'a plus rien à perdre.

"Tu veux me tuer ? Vas-y."

Kaede plongea dans le regard de la guerrière, et y décela la lueur propre à ceux qui n'ont plus rien à perdre. elle n'avait que trop vu dans sa vie cette meme lueur, elle-même l'avait eu à une époque.

"Te tuer? Certainement pas, je ne me souillerais pas avec ton hémoglobine. Ce qui t'attend sera peut etre pire que la mort, en tous cas la délivrance sera plus lente."

Le regard de la rôdeuse se fit soudain plus dur.

"Vous, les guerriers, vous êtes bien tous les mêmes. Ma propre cousine n'échappe pas à la règle. vous croyez que tout peut se régler avec le simple usage de la force. En outre, je ne sais pas si tu as remarqué, mais tu n'es pas en état de donner ton rythme à ce petit manège. Tu t'es constituée prisionnière, assume le."

Elle sortit une flèche de son sac, et la planta d'un coup sec dans la cuisse de Lila.

"Plus jamais, tu n'essaies de me jeter à terre. Je suis plus coriace que tu ne croies."

Lila ne broncha même pas en encaissant le coup de la rôdeuse... Elle aurait sans doute pu l'éviter... Mais à son insu, cette trappiste venait de commettre une grossière erreur, en lui procurant une arme...

"Je suis prisonnière, certes... Pour ce qui est de la souffrance, tu ne pourras jamais rien m'infliger de pire que ce que j'ai vécu. Je mérite peut-être la mort... mais ça n'est certainement pas toi qui me la donnera !"

Arrachant d'un coup sec la flèche fichée dans sa cuisse, la guerrière n'afficha aucune réaction, ni de douleur ni de peur. Elle brisa le bois du projectile et se mit en garde, la pointe de la flèche encore sanguinolente enchassée dans son poing, dardée entre les doigts.

"Viens, jolie rôdeuse. Viens me montrer à quel point tu peux être coriace..."

Dans l'obscurité du sous-bois, Syakalyl progressait lentement... La nuit n'était tombé que depuis une ou deux heures, et l'absence de lune facilitait l'avancée du mage.

Frémissante, Natacha Cendrelune se colla contre le mage, pour se réchauffer.

"C'est encore loin ?
- Non... D'après les indications qu'on m'a fournies, le passage secret se trouve près de ce bosquet." répondit l'ex-ambassadeur en désignant un amas d'arbres rabougris et touffus contre la muraille trappiste. "Etrange... Il n'y a guère de gardes sur les remparts. Il doit se passer quelque chose à l'intérieur..."

Reprenant leur route, l'élémentaliste et l'envouteuse se rapprochèrent silencieusement de leur objectif, lorsque Natacha agrippa le coude de Sya.

"Tu as entendu ? Qu'est-ce que c'était ?
- Une branche cassée... Pas la peine de t'alarmer.
- Tu en es certain ? "ça" semblait énorme... On devrait...
- Non, ne te tracasse pas. C'est un ami..."

Avant que Natacha ait pu s'interroger sur l'ami en question, une silhouette sombre se laissa tomber du haut d'un arbre, en silence, juste entre Natacha et Syakalyl.

"Bonsoir, Ambassadeur. Bonsoir, Dame Cendrelune.
- Ah, mon ami, comment vas tu ? Cela faisait longtemps... Natacha, tu connais déjà notre stratège, nul besoin de te le présenter... Il est avec nous. Et son fidèle Nounours ne doit pas être bien loin, je présume."

Enjôleuse, Natacha se rapprocha d'Isyan. "Un bel homme, à n'en pas douter..."

Rougissant jusqu'à la racine de ses cheveux, Isyan ne sut que bafouiller quelques mots indistincts, faisant ainsi roucouler de ravissement la jeune femme.

Laissant le rôdeur et l'envouteuse discuter à voix basse, Syakalyl s'arc-boutait pour tirer sur les branchages, dégageant ainsi une petite anfractuosité.

"Nous y voilà. Natacha, à toi l'honneur." Isyan s'adressa à l'ex-ambassadeur. "Quel est ton plan ?
- D'après mes informations, ce tunnel mène sous le cloître. De là, je n'aurai aucun mal à gagner la chambre de Maelin. Le plus important, c'est que je parvienne jusqu'à elle. Après..."

Syakalyl soupesa dans sa main un léger paquet enveloppé dans une étoffe noire.

"Après, rien ne sera plus comme avant..."

Un brouhaha leur parvint alors par-dessus les murailles, parmi lesquels une voix de femme, indistincte à cette distance, semblait battre le rappel.

"Nous avons peut-être été découverts... Isyan, peux-tu aller voir de quoi il retourne ? Nous allons nous hâter. S'il le faut, nous forcerons le passage. Rien ni personne ne doit nous arrêter. Allons-y..."

Sans attendre une minute de plus, Syakalyl et Natacha s'engouffrèrent dans le noir. Isyan avait déjà disparu dans les fourrés...

Les yeux de l'Abbaye etaient aux aguets depuis que Merenita avait donné ses ordres et nul ne pouvait passer les murs de l'Abbaye sans que les moines ne s'en apercoivent...

Talyn Lyczac supportant son age agissait avec une discretion incroyable et observait les intrus essayer de penetrer l'enceinte close de l'Abbaye.
Il devancait les intrus dans le seul passage possible.

"Il est tant pour moi de devoiler ma veritable nature" dit il en invocant plusieurs esprit sur le chemin du passage secret menant aux entrailles de l'abbaye..

"O Rage O Désespoir O Vieillesse ennemie n'ai je donc tant vecu que pour cette infamie ?"

Talyn se retira essouflé en direction de la chambre de Merenita afin de lui confier la nouvelle et que cette derniere intervienne : "Des intrus essayent de penetrer l'Abbaye et un rassemblement derriere l'enceinte se prepare"

Une fois les evenements narrés, il fit un saut dans la chambre de Maelin afin de deposer un baiser sur son front. Et pendant qu'il l'embrassait, ses levres murmuraient :"Ton père me manque mon enfant, tu es la seule qui puisse faire revenir le calme en cette Abbaye remets toi vite...."

Il se retourna puis disparu dans les profondeurs si cheres à son coeur de l'Abbaye.

Kaede leva la tête à l'annonce de Merenita, et vit s'approcher d'elle Mina et Moloch. D'un geste, elle fit comprendre au rodeur qu'il pouvait prendre Lila pour la mener aux cachots.

"Mais attends juste un moment, avant d'emmener cette.... "

D'un geste sûr, elle arracha le morceau de flèche des doigts de Lila.

"Ca serait dommage que tu puisses te faire bobo dans les cachots... Maintenant, ma jolie, pendant que mon adrénaline descend doucement, je vais te laisser aux bons soins de Moloch.
*se tournant vers lui* Je compte sur toi, mène-là au cachot le plus humide, insalubre et froid que tu trouveras.
*se tournant vers Mina* Et toi, fais comme d'habitude... peut-être ton babillage incessant calmera cette furie."

Tandis que Moloch et Mina emmenait Lila, Kaede leva les yeux et observa.
Voyant les moines se déployer à divers endroits stratégiques, elle ne put réprimer un frisson.

"Et voilà, ce qui devait arriver arriva, nous sommes en guerre. Nul doute que les évènements vont se succéder à un rythme effréné. Seuls les Dieux savent ce qu'il adviendra.
*souriant* Dommage que Yarblek ne soit pas là. Je suis sûre qu'il aurait adoré participer à cette petite sauterie."

Elle remit la flèche dans son sac. Puis elle se dirigea vers la porte de l'abbaye.

"Je pense qu'on n'est pas encore au bout de nos surprises."