La porte de la taverne la plus populaire de la place Piken s’ouvrit une fois de plus en cette soirée uniquement éclairée par le fin croissant de lune. Un couple de nécromanciens pénétra à l’intérieur de cette taverne et l’homme ferma la porte laissant derrière lui la fraîche odeur de l’herbe renaissante par endroits sur la place dégradée par la fournaise.
L’ambiance de la taverne était toute autre avec ses lanternes pour éclairer le bar et les tables de bois. La chaleur étouffante, due aux nombreux visiteurs d’un soir et habitués buvant bière de nains, laits de poule et autres breuvages tout aussi joyeux, faisait contraste avec la fraîcheur de la nuit. L’espoir de trouver une table libre à cette heure était vain, il fallait rester debout, accoudé au bar quand il restait quelques centimètres de libres pour appuyer son corps ivre.
Les deux nécromanciens se mirent à regarder calmement les hommes et femmes rougis par l’alcool puis ils s’avancèrent non sans difficulté jusqu’au bar.
La femme à la peau pâle est de petite taille, ses cheveux à la couleur bleutée descendent le long de son dos avec des ondulations suivant ses mouvements. Ses vêtements sont un mélange de cuir bleu et noir et de dentelle arrachée par endroits. Une douceur et une délicatesse émanent de la jeune femme au sourire pratiquement constant sur ses lèvres.
L’homme quant à lui se grattait la nuque d’un air pensif. Cela aurait été difficile de dire si il tirait plus sur la tenue du nécromant ou de l’envouteur. Son regard était masqué derrière ses cheveux qui lui tombait devant ses yeux. Une ombre légère de barbe courait sur son menton et ses joues…
Arrivés au bar, le nécromancien commanda à boire pour lui-même et la jeune femme. Quand il se retourna vers Lalé les chopes à la main, un sourire amusé se dessina sur ses lèvres observant une scène assez courante quand il se trouve avec la nécromancienne. Un petit groupe de trois hommes encore sobres étaient en train de laisser leur table à la jeune femme qui leur lançait un sourire en remerciement. Une fois les hommes éloignés, Lalé s’assit devant la table à présent libre, regarda le nécromancien l’accompagnant et lui parla doucement.
« Halifax, tu peux venir t’asseoir de braves hommes nous ont laissé une table ! C’est une chance avec le monde et la chaleur pesante qu’il fait ici de pouvoir s’installer à table. »
Halifax rit de bon cœur, s’assit aux cotés de Lalé et lui tendit une chope pleine de bière naine.
Avec un soupir de satisfaction, Halifax commença à regarder les visages les entourant, se demandant si l'une de leur connaissance n'était pas dans cette taverne, tandis que Lalé, le regard vague, se perdait dans ses pensées.