La Mortalité de l'EspoirA l'ombre lugubre de ce jeudi soir,
Mon être ressent ce récurrent besoin
D'extirper violemment les idées noires
Qui se logent douloureusement en son sein.
Démons, malheurs, horreurs, cauchemars,
Vous ne pourrez plus avoir la moindre prise
Sur l'individu qui n'a plus d'Espoirs,
Et plus jamais sur lui n'aurez main mise.
En ce soir d'hiver, l'Espoir a été mouché
Comme la flammèche fragile d'une chandelle.
Vaillant, jusqu'au bout il aura lutté,
Mais la lutte par trop inégale l'avait condamné.
Darwin, toi l'artisan de la sélection,
Que n'as tu posé la loi de l'exception
Qui permettrait à cette divine évolution
de faire son oeuvre sans ravager les passions...
Orion, toi mon éternel protecteur,
Où étais tu à cette fameuse heure
Qui a vu le verdict tomber sans heurt
Telle une épée de Damoclès dans mon cœur?
Scorpion et désespoir, mes ennemis,
Vos pinces ont découpé mon âme,
Votre venin ont contaminé mon esprit,
Sans que je puisse vous porter le blâme.
Destin funeste, mais amplement mérité,
Car à l'aune de mes principes sacrés,
J'ai par trop souvent commis des pêchés,
A l'égard de tous, et de moi-même, l'inculpé.
Ces fautes que j'ai commises, même pardonnées,
Sont l'affreux résultat du combat titanesque
Que se livrent en moi mon ardent désir d'aider
Et mon désir de vivre, en digne chevaleresque.
L'un et l'autre ont disparu, ont brutalement péri,
Car avec la fin de l'Espoir ne peut venir que la mort
De la croyance que tout peut changer et être guéri,
Je livre dès lors chaque chose à son triste sort...
Honneur, Savoir et Magie, ma fabuleuse triforce,
Perd tout son sens et son harmonie sans son cœur,
L'Espoir, le ciment de ma vie, mon éternelle écorce,
Mais hélas aussi le responsable de mon malheur.
Trop souvent mis à l'épreuve au fil du temps,
Il a toujours prouvé sa force et sa valeur,
Permettant de rebâtir de prestigieux monuments
Sur des tapis de cendres auréolés de nocives vapeurs.
Usé, rongé, affaibli, trop sollicité, déstabilisé,
L'Espoir était pourtant prévu pour un seul nouveau-né,
Mais il a servi à tous, jusqu'à l'inconnu qui passait,
Amis, famille, tous s'y sont abondamment abreuvés.
Ainsi est-il resté, sous-alimenté et vaillant,
Attendant qu'un cœur ardent puisse ranimer la flamme.
Mais ce petit cœur s'est fait désirer longtemps,
En dépit d'un défilé d'amies, d'amantes, de femmes.
C'est ainsi que le désespoir a pu s'introduire bien armé
Telle une légion prenant d'assaut une forteresse désaffectée
L'espoir a été pris en otage, incapable de lever son épée,
Ebréchée par tous les combats qu'il avait menés.
Là, sur le point d'être soufflé, il a protesté, appelé,
Et bien que le petit cœur soit finalement arrivé,
Il était désormais trop tard pour qu'il soit sauvé,
Et à l'heure ultime, ses yeux se sont doucement voilés.
Dans un tragique embrasement, l'Espoir s'en est allé,
Et fut par le désespoir promptement remplacé.
Pourtant, il est une leçon qu'il ne faut pas oublier,
Car en partant, l'Espoir nous l'a inculquée,
C'est que fertiles sont les cendres du désespoir,
Il suffit d'un peu d'amour, de magie et de volonté
Pour que l'Espoir renaisse même du fond d'un puits noir
Plus grand et plus majestueux qu'il ne l'avait jamais été !
Sya
(ce poème a été posté à la demande insistante d'un amie très chère, que je remercie du fond du coeur...)